Mont Sainte-Anne: fin de saison entre délire et nostalgie
C’est tout simplement parfait : ciel bleu immaculé, plein soleil, neige molle de printemps! Quoi de mieux pour terminer la saison au Mont Sainte-Anne dans une ambiance alliant party et nostalgie, surtout que la station organise pour la première fois un événement de traversée d’un lac artificiel.
Les Folies du printemps renouvelées!
On doit d’emblée souligner l’événement de la journée : la première édition du Splash du Mont Sainte-Anne. C’est vraiment un grand coup qu’a réussi la station pour souligner la fin de la saison de ski. Et c’est tout un succès! On peut dire qu’autant les participants que les spectateurs en ont pour leur argent.
D’ailleurs, l’aménagement du lac artificiel et de la rampe de lancement est impressionnant!
Les compétiteurs, majoritairement des ados et jeunes adultes, offrent un bon spectacle aux nombreux curieux.
Chose certaine, le lac semble être un bon défi à traverser, puisque plusieurs font le plongeon avant d’arriver au bout.
Après deux fins de saison à vivre sous les restrictions sanitaires, on peut dire que ça fait du bien au cœur et à l’esprit de revivre le plaisir des Folies du printemps au Mont Sainte-Anne, de surcroît en version améliorée. Cela vaut un gros BRAVO! pour l’organisation du Splash, qui bonifie grandement les traditionnels spectacles d’après-ski printaniers. D’ailleurs, il y a une superbe ambiance qui anime le parterre après la fermeture de la journée de ski, on dirait que tous veulent que ce moment s’étire le plus longtemps possible!
La nostalgie de la dernière descente
Mais avant le party, il a aussi une journée complète où le ski de printemps est à son meilleur! Les sourires des skieurs en disent long!
Il reste que la dernière journée d’une saison de ski est toujours empreinte d’une certaine nostalgie. Nostalgie des journées enneigées, des beaux moments de l’hiver qui se termine.
En cette dernière fin de semaine d’opération au Mont Sainte-Anne, tous les éléments sont réunis pour encadrer d’une parfaite nostalgie chaque descente. Sans stress, chaque virage, chaque coup d’oeil sur le paysage permettent de savourer le moment présent.
Le moment présent, que je partage avec mon collègue et ami Michel Longpré, perdure toute la journée. Chaque descente est une répétition de la précédente, dans une piste différente, mais avec le même soleil, la même neige printanière, les mêmes skis qui tournent sur les bosses molles, le même panorama vu et revu sous différents angles.
Le moment présent s’étire jusqu’au dernier virage de la dernière descente. Cette dernière descente se fait lentement, les yeux rivés sur l’horizon et les skis zigzagant sur les plus minutieux contours de la montagne. Le temps se fige dans la nostalgie. Et c’est cette dernière descente de la dernière journée qui reste gravée à travers le passage de l’été pour nous garder nostalgique de la saison passée et nous faire espérer celle qui s’en vient.
Bon été et à l’hiver prochain!
Essential, un ski recyclable signé Rossignol
Rossignol annonce l’arrivée d’Essential, son nouveau ski à haut potentiel de recyclabilité
Élaboré avec un minimum de matériaux, Essential offre une recyclabilité de 75 %
Montréal, 22 avril 2022 – À l’aube de son 115ème anniversaire, le groupe Rossignol poursuit sa démarche de transformation axée sur le développement durable, l’éco-conception, la gestion du cycle de vie des produits et la mise en œuvre de nouvelles solutions de recyclage, au travers du lancement de son tout nouveau ski, Rossignol Essential.
Disponible en série limitée dès l’Automne-Hiver 2022-2023, le ski Essential de Rossignol a été conçu à partir d’un minimum de matériaux, entièrement naturels, ce qui lui confère une excellente recyclabilité à hauteur de 75 %.
Selon David Bouvier, Directeur Marketing sports de montagne chez Rossignol : « Mieux gérer la fin de vie des produits, c’est mieux concevoir dès le départ ». « C’est ce constat qui nous a inspiré pour fabriquer un ski avec moins de matériaux, tous recyclables et réutilisables. Comparé à un ski traditionnel dont le taux de recyclabilité n’excède pas en moyenne 10 %, nous sommes fiers d’annoncer que le ski Essential est lui recyclable à plus de 75 %. D’ici 2028, nous avons l’ambition qu’un tiers de nos gammes de skis s’intègrent dans une démarche d’économie circulaire.».
D’autres produits (chaussures, bâtons, vêtements) sont en cours de développement dans la même démarche de sobriété, de simplicité et de recyclabilité accrue.
Conscients des enjeux actuels liés au recyclage de ses skis et de sa responsabilité dans ce domaine, groupe Rossignol a conclu un partenariat avec MTB – acteur de référence dans le domaine du recyclage – pour mettre au point un nouveau procédé de broyage, de tri, de séparation et de revalorisation des matériaux à travers un procédé technologique permettant de mieux recycler à la fois les skis conventionnels mais aussi et surtout les nouveaux skis Essential. Dans une démarche de co-développement, Rossignol a conçu le ski Essential en synergie et en synchronisation avec le développement par MTB de ce nouveau procédé de recyclage des skis. Le recyclage s’inscrira dans une démarche d’économie circulaire via des filières organisées. Les matériaux recueillis pourront alimenter les industries de l’automobile, du jardin ou de la construction et demain être réutilisés dans certains nouveaux produits Rossignol. La « Recycling Box » conçue par MTB, outil innovant de recyclage des skis mais aussi de chaussures, bâtons, sera opérationnelle à partir de 2023.
Engagé depuis 2020 dans son programme RESPECT (avec des objectifs de baisse de 30% de son empreinte carbone d’ici 2030 et de 40% de ses déchets industriels d’ici 2025), le Groupe Rossignol souhaite renforcer ses engagements environnementaux et sociétaux et les placer au cœur des grandes orientations stratégiques du Groupe. Les usines du Groupe sont certifiées ISO 14001, fonctionnant à 100% à l’énergie d’origine renouvelable (à partir de Janvier 2023 pour le site de Sallanches)
Cliquez ici pour en savoir plus à propos du programme RESPECT et ici pour le tout nouveau ski Rossignol Essential.
Source: Groupe Rossignol
La Marquise
Cette station de ski était située dans la vallée de Saint-Sauveur, à l’opposé de la station Sommet Saint-Sauveur. Son histoire remonte à 1929, quand le marquis Nicolò degli Albizzi a acheté des terres qu’il utilisera pour permettre la pratique du ski à ses clients. Celui-ci possédait à Saint-Sauveur une pension huppée, ouverte uniquement en hiver. Le prix par jour fait sourire, car il était de 5 $.
En 1938, il vend son établissement à son cousin le Duc Dimitri de Leuchtenberg. Cette photo montre que l’endroit était fort joli (photo collection SHGPH). Celui-ci a continué d’opérer la station de ski pour ses clients, mais aussi pour les clients du Win-Sum-Inn, auberge bien connue de Saint-Sauveur.
Une particularité de cette station est que durant son existence, elle a été en activité sur des terres appartenant à plus d’un propriétaire grâce à des ententes ou des baux de location. Ceux qui opéraient la station n’étaient donc pas nécessairement ceux qui possédaient les terres.
La station de ski a été connue au début sous le nom de Marquis’ Hill, puis de Duke’ Ski Lift, et finalement de Côte La Marquise. Pendant plusieurs années, il n’y avait pas de remonte-pente. La première remontée mécanique date de la toute fin de 1938, ou du début de 1939, et a été un fil-neige. La première photo ci-dessous est de cette époque. Elle est particulièrement importante, car elle indique l’emplacement de ce fil-neige, et aussi celui du petit chalet. Par la suite, le fil-neige sera remplacé par une arbalète. La suivante est du petit chalet qui était connu sous le nom: La Chaumière. On y retrouvait uniquement un poêle à bois et quelques chaises pour pouvoir se réchauffer et se reposer. Occasionnellement, on y vendait des sandwichs déjà préparés. On peut voir qu’à cette époque il y avait encore un bon nombre d’arbres dans le haut des pistes.
Les deux dernières photos sont des années1950. On remarquera que comme pour les skis, les bottes de ski sont très différentes d’aujourd’hui. Au début des années 1960, on changera l’arbalète pour une autre plus performante, et un nouveau chalet sera construit, un peu plus bas que l’arbalète. Le petit chalet sera déplacé et deviendra une section du nouveau chalet. On peut voir ce chalet sur la photo principale.
Commençant à la fin des années 1950, Lucien Charette et son épouse ont administré la station, puis à partir de 1967 et pour une dizaine d’années, il était aussi un des actionnaires de la compagnie Mont-Royal Ski-Tows Inc., qui a acheté la station. Un autre actionnaire et gestionnaire de la station était Jean H. Richer. Cette compagnie avait été créée en 1945 pour pouvoir soumissionner sur l’opération de remonte-pentes sur le Mont-Royal et dans quelques parcs de la ville de Montréal. C’est le maire de Montréal Camillien Houde qui était derrière cette idée. La compagnie n’a pas gagné et a plutôt administré les côtes 68-69-70 et 71 à Saint-Sauveur, puis aussi la station La Marquise.
Cette belle épinglette date du début des années 1960, et seulement une centaine aurait été fabriquée. M. Charette avait demandé à un ami professeur de faire un concours, et cette épinglette est inspirée du dessein gagnant. On retrouve le même logo sur cette photo de la fin des années 1960. Au centre de la photo, on voit nul autre que Pierre Plouffe, champion de ski nautique et très bon skieur alpin, lors d’une visite à la station. Photo gracieuseté de Jacques Provost.
Ces documents, provenant du Musée du ski des Laurentides, illustrent très bien l’augmentation des prix depuis les années 1960. On peut voir sur les 2 photos que les pistes principales avaient une bonne inclinaison, et aussi combien la vallée de Saint-Sauveur était peu développée il n’y a pas si longtemps. Je remercie André Charrette qui est la source de ces documents, et aussi pour avoir partagé ses souvenirs de l’histoire de la station.
Paul Lalonde a été impliqué avec la station La Marquise des années 1940 jusque dans les années 1970. Il a d’ailleurs fondé l’école de ski de la station vers 1960 et en a été le directeur jusqu’en 1970. On le voit avec sur son gilet l’épinglette d’instructeur à La Marquise, et aussi avec les instructeurs de l’école. Un grand merci à la famille Lalonde d’avoir partagé plusieurs photos.
On n’est pas certain de l’endroit exact où cette photo a été prise, mais elle illustre parfaitement la difficulté que pouvait représenter l’utilisation d’un fil neige quand il était long. Soit on devait être costaud, soit on devait être plusieurs ou soit on devait se tenir très bas, afin de pouvoir supporter le poids du câble.
Pour pouvoir bien skier avec des skis longs et étroits, il était essentiel d’avoir une bonne technique. Les instructeurs de ski étaient très valorisés. Sur ces photos, on voit M. Lalonde enseignant le ski autant à des jeunes qu’à des adultes.
Ce plan des pistes dans les années 1970 a été fait par Pierre Dumas en collaboration avec Robert Miron. On voit qu’il y avait alors une autre arbalète dans le haut des pistes. Je ne possède malheureusement aucune photo de ce secteur de la station. Pour ce qui est du dénivelé, on parle d’environ 140 mètres au début de la station, et de 175 mètres lors de la fermeture.
Les photos suivantes sont de Georges Couture et de son fils José. On constate que le père en 1950, et le fils dans les années 1970, ont tous les deux du style.
Cette photo du petit chalet dans les années 1950 montre au loin le village de Saint-Sauveur, dont le clocher de son église.
José Couture a été très actif à la station. Il a été instructeur, il a été compétiteur, et à ses moments libres, il a même été Père Noël.
Voici une médaille de La Marquise, deux écussons d’entraîneur, (le 2e de Luc Bertrand) et une épinglette originale des années 1970, clairement inspirée par l’équipe de compétition.
Les années 1970 ont marqué le début du ski acrobatique. Un jeune, Patrice Saindon, qui pratiquait les sauts, a fait une mauvaise chute, et est décédé. En sa mémoire, on a organisé un événement. Sur la droite de la première photo, il y a son père, qui a fabriqué les gros écussons commémoratifs. Au centre, on peut voir deux jeunes habillés en marquise et en marquis. Sur la gauche, on remarquera Bernard Derome, personnalité très connue du monde de la télévision. L’autre photo montre la médaille commémorative de 1974.
Vers le milieu des années 1970, on a commencé à expérimenter avec le ski sur gazon. Cela n’est jamais devenu vraiment populaire, car ce n’était pas un sport facile ou sans risque de blessures. Sur ces photos, on peut voir José Couture et sa future épouse Diane pratiquant ce sport à La Marquise.
Quoi de mieux pour terminer cet article, que des photos de ski de poudreuse dans la piste La Cuvette, la piste à droite sur la photo de gauche. Malheureusement pour la station, la neige a été rare dans certaines régions du Québec au début des années 1980. Ceci a certainement causé la fermeture de la station dont le dernier hiver d’opération a été celui de 1981-1982, tel que confirmé par mes recherches à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Aujourd’hui, il reste très peu de traces de la station, car des maisons ont été construites en très grand nombre sur les terrains de la station ainsi que sur ceux avoisinants.
En plus de toutes les personnes mentionnées dans l’article, je dois tout particulièrement remercier Robert Miron, dont la collaboration a été essentielle à la rédaction de cet article. Sans ses connaissances de l’histoire de la station ainsi que les photos de la famille de Paul Lalonde qu’il m’a fournies, je n’aurais même pas songé à écrire cet article.
Cet article fait partie de la section sur les stations de ski du Québec qui sont aujourd’hui fermées. Comme la grande difficulté d’un tel travail est de trouver des photos et de l’information sur ces stations, si vous détenez des perles concernant une station oubliée ou fermée et que vous souhaitez les partager avec l’auteur, vous êtes invité à communiquer avec lui par courriel afin de lui permettre d’ajouter de l’information à un dossier existant, ou d’inclure une autre station à cette section à l’adresse suivante: stations.fermees.qc@gmail.com
Le défi Réal du Mont SUTTON – Un brin d’histoire
Le beau temps est de retour, les chaudes journées rallongent et sont de plus en plus fréquentes, signe que le printemps est bien installé depuis plusieurs semaines déjà en Estrie. Pour le Mont SUTTON, avec la fin de saison qui approche à grands pas, c’est le moment de l’année pour organiser le fameux défi Réal. Pour les habitués, c’set ce qu’ont peu comparer au glas qui sonne pour la fin de saison. Qu’est-ce que c’est le défi Réal exactement ? Qui est ce fameux Réal ?
Ce n’est pas peu dire que la famille Boulanger a eu un énorme impact pour la petite municipalité de Sutton quand ils sont venus s’y installer en 1945. Tout a commencé par leur entreprise familiale, Les Produits Laitiers Sutton, qui a permis à la famille Boulanger de se faire un nom dans la communauté, et de pouvoir profiter de ce qui était à l’époque un Mont Sutton complètement sauvage. Ce n’est qu’après avoir vu ses frères Benoît et Hercule revenir exténués d’une journée complète à ne faire qu’une ou deux descentes de ce qu’on appelait à l’époque le « ski sauvage » sur le massif de Sutton que Réal eut la curiosité d’essayer cette déclinaison du sport de glisse, à l’époque encore peu populaire. Inutile de vous préciser qu’il en a eu la piqûre.
La toute première carte
Source : https://skimap.org/skiAreas/view/90L’authentique chalet de ski
Source : Musée du ski de Sutton

C’est donc le 17 décembre 1960 que la première saison de ski sur le Massif de Sutton fut inaugurée. Comme on peut le voir sur cette photo d’archives, la première version du Mont SUTTON ne se concentrait que sur ce qui est aujourd’hui le télésiège II. 10 ans plus tard seulement, représenté par la carte couleur, le Mont SUTTON ressemble à 90% à ce que nous connaissons aujourd’hui. C’est difficilement plus authentique!
C’est justement cette vision du développement des pistes, et leur renommée aujourd’hui, qui ont fait de Réal et de la famille Boulanger des icônes de l’industrie du tourisme du ski, dans l’Est tout comme dans l’Ouest canadien. La Sno-engineering inc. a eu l’occasion à plusieurs reprises d’embaucher Réal pour tracer les pistes de stations au québec, comme le Valinouët, Orford, Comi, le Mont Ste-Marie, Bolton Ski Area au Vermont et même le célèbre versant BlackComb en Colombie-Britannique.
Alors le défi Réal, on comprend que c’est en l’honneur de Réal Boulanger, véritable icône du ski en Amérique du Nord, mais c’est quoi le principe ? À la dernière journée de ski de la saison, la montagne promet de faire rouler le télésiège principal, le II, tant et aussi longtemps qu’il y a un minimum de deux personnes par chaise, à chaque deux chaises, du moins jusqu’à ce que le soleil ne soit couché complètement. À plusieurs reprises dans le passé, nous avons réussi à faire tenir cette promesse jusqu’au coucher de soleil mais c’est en avril 2019 que le record absolu a été battu, laissant la chaise rouler jusqu’à 19h33! Cette année malheureusement, ce n’est que jusqu’à 18h40 que nous avons réussi à faire tourner la chaise, la foule était nettement moins grande que les années passées, probablement à cause des conditions de fin de saison plus que marginales, et le peu de neige restant au bas du II. C’est ce qui a mis fin à une saison particulière au Mont Sutton, avec bien des hauts et des bas, plusieurs bas, et une saison estivale qui ne saurait commencer trop vite en Estrie!
Évidemment, après chaque défi Réal, s’en suit un après-ski bien mérité au bar le Tucker, mythique terrasse et bar de la montagne, avec de la musique « live » et un gros BBQ où les vrais de vrais peuvent goûter au dernier après-ski de la saison. L’authenticité, l’histoire et l’équipe derrière Sutton sont toutes des raisons parmi lesquelles je suis heureux d’y skier chaque année depuis maintenant plus d’une décennie.

Source : http://museeduski.blogspot.com/2009/12/ceremonie-daccrochage-de-skis-de.html
Tremblant: bipolaire au printemps!
Ah, vous frottiez vos bâtons de golf au Brasso? Vous huiliez la chaîne de votre bicyclette à l’huile d’abrasin? Vous polissiez la lame rouillée de votre tondeuse avec une crème exfoliante? Désolé de vous avoir manqués sur les pentes de Tremblant. Car ici au printemps, il n’y a guère autre chose que les skieurs et planchistes s’imaginent pouvoir faire. Le ski de printemps s’y déroule parfois brièvement, mais toujours en grandes pompes. Et sur des tonnes de neige, bien que selon l’orientation des pistes l’herbe brune commence à reprendre ses droits.
Les deux pôles de Tremblant sont sérieusement mis en contraste lors de ces journées festives dignes des plus nobles pèlerinages. Au versant principal, les très nombreux visiteurs et autres touristes aux Kodak hyperactifs déambulent en espadrilles et en tenue printanière. Ils flirtent avec les boutiques et finissent pas s’assoir à une terrasse, le temps d’un combo bière/burger. Printemps oblige, l’arôme irrésistible des viandes grillées vient à bout même des moins carnivores du lot. Dans un autre univers, le versant Nord exprime sa plus forte antinomie. Pas de touristes, pas de nouveaux mariés sur fond de neige, pas d’adolescentes en gougounes Prada bras dessus bras dessous à 8 de large. Que des skieurs et des planchistes. Juste ça. Mais quel rituel! Quel party saisonnier, et quel plaisir! Les BBQ sont là, les sourires sont là aussi et tous ceux qui refusent la mort de l’hiver se donnent rendez-vous au temple de l’hédonisme que constitue la glisse à Tremblant en avril.
Alors si par un malheureux destin vous avez manqué le week-end de Pâques sur les pentes de la légendaire station, vous devrez prendre votre mal en patience pour au moins 7 mois. Si au contraire un fabuleux destin vous a projeté sur ces pentes magiques, mais en fin de vie, vous conviendrez avec moi qu’il n’y a pas plus heureuse bipolarité: avec ses deux visages, Tremblant demeure le roi du ski de printemps!
Le ski de printemps oublié
La comparaison est frappante : le printemps dernier, nous nous trouvions au Mont Orford, en pleine semaine, pour une journée semblable à celle qu’on vit aujourd’hui, telle que présentée dans cette chronique, et la station de ski était pleine. On voyait des files d’attente dignes des fins de semaine parmi les plus achalandées : retraités, travailleurs, étudiants de tout âge profitaient du meilleur du ski de printemps dans la joie. Mais en ce jour du 5 avril 2022, malgré le plein soleil sur la montagne et les conditions de rêve sur les pistes, on aperçoit seulement quelques âmes qui sillonnent entre les grosses bosses molles.
La désertion des pistes de ski est telle en cette fin de saison que plusieurs stations ont tout simplement jeté la serviette et fermé durant la semaine, voire même pour la saison.
Mais qu’est-ce qui se passe?
Le printemps oublié
Le constat d’aujourd’hui est aussi un peu celui des dernières semaines : les skieurs ont déserté les stations de ski malgré les belles conditions, parfois printanières, parfois encore hivernales avec des précipitations neigeuses tardives. Si les hypothèses sont multiples, la réponse reste floue…
Est-ce l’inflation qui pousse les gens à délaisser un sport toujours de plus en plus onéreux? Est-ce qu’en augmentant leurs tarifs, les stations se sont en quelque sorte tiré dans le pied, ce qui fait en sorte que les skieurs ont délaissé le ski précocement, même en l’absence d’un printemps précoce? C’est peut-être une partie de la réponse, mais on peut arguer, au moins pour une partie de la clientèle, que l’achat d’une passe de saison pour l’hiver 2022-2023 permet généralement aux détenteurs de profiter des dernières journées avant la fermeture des montagnes.
Ou encore : est-ce que la levée des restrictions quant aux rassemblements et l’ouverture des activités intérieures, comme les cinémas, les restaurants, les bars, etc. auraient un impact sur la baisse de fréquentation des stations de ski? Possible, mais ça serait oublier le plaisir d’être à l’extérieur, de pratiquer une activité physique saine et, surtout, fuir les lieux de contamination qui nous amène vers une sixième vague. On l’a bien vu l’hiver passé : les stations de ski étaient pleines, la population pas encore vaccinée, et le fait d’être dehors, même en masse, n’a pas généré d’événements majeurs de contamination.
Et c’est sans compter le plaisir de skier au printemps : soleil, lunettes fumées, ambiance relaxe, gros sel, après-ski endiablés… Bref, les skieurs auraient-ils oublié le bonheur du ski de printemps, faute d’opportunités?
L’oubli du printemps
Question opportunités, on pourrait peut-être aussi dire que le printemps a oublié les skieurs. Comparativement à la saison passée, où les 20 degrés se multipliaient dès la fin mars, ce printemps 2022 apporte froid, neige, pluie, grisaille et, souvent de concert avec ces éléments, des surfaces durcies. Cela est d’autant vrai les fins de semaines, moment où la majorité des gens peuvent sortir et profiter de leur sport préféré.
Il faut effectivement être agile pour profiter de vraies conditions de printemps comme celles que nous avons vécues à Orford : bien choisir sa journée, pouvoir se libérer du travail et des obligations familiales en pleine semaine… si l’on compare avec l’année passée, ces libérations semblaient plus faciles, les travailleurs étant majoritairement en télétravail et les enfants à la maison; il était donc plus facile de faire l’école buissonnière et de gérer ses dossiers dans le télésiège.
Il reste que si le printemps oublie les skieurs, les skieurs finissent par oublier le ski, et le cercle est vicieux : à défaut d’opérer à perte, les stations de ski décident de fermer plus tôt ou de réduire substantiellement leurs activités.
Et pourtant…
Et pourtant, autant les stations de ski que les skieurs y perdent parce qu’au final, quoi de plus revitalisant que d’offrir/de profiter de cette opportunité d’être au grand air et de skier dans des conditions propices à l’éclosion du plaisir. On dira, comme mentionné plus haut, que Dame nature ne nous aide pas beaucoup ce printemps : les belles journées se retrouvent la semaine alors qu’en grand partie, les weekends apportent des conditions météorologiques variables.
Cela dit, on a vu l’hiver passé que les skieurs ont fait preuve de créativité, skinusites et grippes alpines à la clé, pour profiter des conditions optimales pour pratiquer leur sport favori en semaine.
Alors, qu’est-ce qui a changé cette année?
Ski Mont Blanc: Quand on sait recevoir la visite!
Ce n’est pas donné à tout le monde d’être accueillant. Il y a une boutique près de chez moi que j’essaie d’éviter précisément pour cette raison. Quand je m’y rends, par obligation, j’ai toujours l’impression de les déranger. Cependant, ma plus récente visite au Mont Blanc est d’un tout autre ordre. En effet, tout est en place pour faire en sorte que j’aie envie de ne plus jamais repartir d’ici! Ce n’est pas banal en cette fin de saison, car j’ai skié beaucoup cet hiver et je suis (presque) prêt à passer en mode kayak. D’ailleurs, l’un n’exclut pas l’autre. Le Mont Blanc, donc, a le tour de prendre une journée de printemps aux allures d’hiver et d’en faire un évènement festif et cool.
Alors que la matinée se passe sur des surfaces dures, dures (pluie pendant deux jours, suivie de gel) la station met en place des éléments qui accélèrent la venue du printemps. Dans notre esprit, en tout cas. Quand le soleil finit par imposer un +4 degrés, en après-midi, la neige ramollit mais nous, nous sommes déjà en mode party. Je vous propose une visite guidée en images pour rendre l’état des lieux d’une journée de glisse magnifique, malgré des surfaces rebelles en matinée. Notez que la saison qui tire à sa fin exige de suivre de près les dates de fermeture des stations.

Le Massif, en mode festif!
Après avoir traversé un hiver rigoureux un peu partout au Québec, le printemps avec ses journées plus chaudes cogne enfin à la porte. L’ambiance devient plus légère, on a moins le goût d’être casanier, l’envie de se rassembler et célébrer la vie se fait ressentir dans l’air! C’est exactement dans cet ordre d’idées que le Massif de Charlevoix a pu enfin renouer avec son événement mythique du printemps qui a eu lieu samedi le 26 mars dernier, le Massif Open!
La fête sur la montagne
Le Massif Open, c’est une journée pour profiter des pentes et des installations dans une atmosphère festive un peu partout sur la montagne. On croise des gens en one-piece fluo des années ’80 sur les qui perfectionnent leur style de ski « hot-dog » et tout le monde est heureux de mettre de la couleur dans la journée. Au chalet de la base de la station, il y a de la musique extérieure au pied des pentes, de la tire sur neige, une compétition amicale de boardercross dans la piste « Cabaret » bien en vue pour les spectateurs, ainsi que des tentes avec démo de skis Rossignol, le partenaire majeur de la montagne. Pendant ce temps au sommet, un DJ donne le tempo au bar Le Grand Duc pendant la journée, en vue de l’après-ski légendaire du Massif Open!
Printemps atypique
Avant de parler d’après-ski, il faut parler du ski! Et quelle journée incroyable nous avons eu sur la montagne. On était loin des journées typiques de ski de printemps ensoleillées avec une vue imprenable sur le fleuve St-Laurent comme seul le Massif de Charlevoix peut nous offrir. On a plutôt eu droit à une journée de ski sous les flocons toute la journée, tout en dévalant les pentes qui venaient de recevoir 38 cm de neige en 48 heures! Quelle matinée incroyable dans la poudreuse nous avons eu! Notre stratégie a été de commencer dans les pentes du secteur Maillard puisque cette remontée n’était pas en fonction vendredi, donc potentiellement moins de traces dans ce secteur. On a adoré la « 42 » et le sous-bois « Artimon », pas facile pour les jambes ces pistes! Je dois aussi souligner notre passage dans ‘« L’Archipel », qui est, selon moi, une piste signature à cette station. Cette piste à bosse « bleue » propose plusieurs entrées distinctes avec les chemins qui se rejoignent, s’entrecoupent, se subdivisent encore avec des gros ilôts d’arbres pour nous laisser une infinité de possibilités différentes: un coup de cœur assuré.
Comme le mercure frôlait le zéro Celsius, on notait une différence de texture dans la neige selon l’altitude. On passait de neige poudreuse au sommet à neige lourde et collante à la base. Dans ce contexte, l’embarquement mi-station au Maillard valait son pesant d’or. Sinon, le secteur Camp-Boule devenait le meilleur secteur pour la qualité de la neige, avec son classique sous-bois « Dominique Maltais » dont la pancarte au bord de la piste est presque complètement enterrée sous la neige, preuve qu’il y a encore beaucoup de neige pour skier ici au mois d’avril!
Les célébrations d’usage
On a pu couronner cette superbe journée avec le party d’après-ski mené par un DJ set de Mike Clay, du groupe Clay and Friends. Le bar était complètement plein et il y régnait une ambiance survoltée, avec des gens qui dansaient debout sur le bar, sur des tables, sur les haut-parleurs… Beaucoup d’énergie dans l’air! Les deux sections de la salle à manger du chalet vibraient également au son de la musique et l’ambiance du bar transmise sur des écrans qui diffusaient en temps réel des images des DJ et de l’avant-scène. Un après-ski comme ça faisait longtemps que j’avais vécu!
Avec l’abondance de neige à la montagne, vous pourrez mettre le Massif de Charlevoix à votre horaire dans les prochaines semaines et tant qu’à y être, inscrivez le Massif Open à votre calendrier pour les prochaines saisons: il faut vivre le Massif, en mode festif!
Massif du Sud – Le printemps peut bien attendre
En regardant au travers de ma fenêtre de bureau, à Montréal, on pouvait définitivement dire que le printemps était arrivé. Petits souliers, petit manteau, disons que mes skis étaient très proches d’être entreposés pour l’été. C’est toutefois en regardant la météo des prochains jours que je me suis fait surprendre, en remarquant une tempête de neige qui allait s’abattre sur la région de Québec et tout ce qui se retrouve plus au Nord. L’Estrie est déjà sur le gazon, Montréal est en mode dégel, et les Laurentides sont en mode sloche.
J’étais très loin de me douter que passé Drummondville sur la 20, c’était une toute autre saison qui m’attendait. Nous avons donc pris la route vendredi soir pour Québec, sommes restés chez de la famille et avons pris la route vers le sud pour la Beauce. Wow. Changement drastique.
Déjà à Québec, environ un mètre et demi de neige était encore au sol, avec un bon 10 cm fraîchement tombé dans la Capitale Nationale entre jeudi et vendredi soir, mais arrivé sur la 73 en direction de la Beauce, ceux qui ont déjà fait la route savent qu’à mi-chemin vers le Massif du Sud, la route monte, monte, et monte encore jusqu’à ce qu’on atteigne la base de la montagne à une altitude d’environ 500m. Là, les bancs de neige avaient plus que triplé par rapport à Québec. On savait que la journée s’annonçait bien.
C’était ma première fois en ski à cette montagne, bien que j’en aie entendu parler bon nombre de fois, à chaque occasion c’était un mauvais timing. Pas cette fois-ci. En effet, le domaine skiable était ouvert à 100% et même si la montagne ferme le week-end du 23-24 avril, je peux m’avancer en disant qu’il devrait rester de la neige jusqu’à tard en avril sur l’essentiel de ses 36 pistes et sous-bois.
Justement, parlons-en de ces sous-bois. Guidée avant mon arrivée par ma collègue Geneviève qui connaît la montagne de fond en comble, mes pistes préférées ont été les sous-bois 6-7 qui étaient magnifiques en début de journée et la fameuse 5 qui peut en surprendre plus d’un. Vers la fin de la journée, la neige avait tellement ramolli et allourdi, aidée par le soleil qui s’est pointé à plusieurs reprises, que nous avons décidé de privilégier les pistes plus ouvertes, comme la 13, 14 et 15 qui permettaient de faire un carving exceptionnel.
En fin de journée, le Massif du Sud accueillait un événement satellite au iF3, le VideoQuest. Ce concours est organisé montagne par montagne, avec comme objectif de stimuler les riders locaux de se filmer, produire un petit montage et de le soumettre aux juges de l’événement avec vraiment de superbes prix à gagner je dois dire. Malheureusement les titres soumis cette année ne sont pas encore disponibles sur le site du iF3 mais la qualité augmente d’année en année et le concours attire définitivement de plus en plus de monde à chaque édition. Pour voir les vidéos de l’édition 2020-21, cliquez ici.
Si comme moi, votre saison est un peu écourtée à cause des conditions locales au sud de la province et que vous n’avez pas encore atteint vos objectifs de ski cet année, le Massif du Sud est définitivement une montagne avec un charme à découvrir et des conditions de ski encore tout à fait hivernales. On annonce même un peu de neige ce week-end, profitez-en! Pour ma part, le Massif du Sud est définitivement une montagne que je n’ai pas terminé d’explorer, et je lui dis simplement, à la saison prochaine!