En hiver, les volcans du Chili, avec leurs cônes enneigés, sont impressionnants lorsqu’on les regarde de la route. Ils le sont encore plus lorsqu’on se trouve sur leur sommet, sur le bord du cratère, dominant toutes les montagnes environnantes, skis aux pieds et prêt pour une longue descente.
Vers le sud du Chili, il y a de nombreux volcans accessibles et skiables en une journée. C’est le cas du volcan Casablanca, où je me trouve en ce 20 août 2018. Il s’agit du volcan le plus «facile» parmi ceux que j’ai eu la chance de gravir au Chili: c’est une ascension assez courte (environ 3h30), peu technique (inclinaison ne dépassant pas les 30 degrés) et qui, de surcroît, offre la récompense d’un paysage majestueux avec vue, d’un côté, sur les lacs de la vallée chilienne et, de l’autre, les Andes de l’Argentine, le tout ponctué par les volcans environnants éparpillés un peu partout.
L’itinéraire
L’accès au volcan se fait par la station de ski Antillanca, dans le parc national Puyehue située dans la région de Los Lagos. Celui qui le veut peut d’ailleurs utiliser les remontées mécaniques pour raccourcir l’itinéraire d’environ 45 minutes. De la base de la station de ski, il s’agit en tout d’une ascension de 1150 mètres de dénivelé.
Il y a deux itinéraires principaux pour faire l’ascension du volcan : le premier, plus rapide et direct, débute à mi-chemin du téléski Don Pedro; le second, plus long mais très panoramique, consiste à suivre une longue crête à partir du point le plus haut de la station de ski (sommet du téléski Don Pedro). Peu importe l’itinéraire choisi, l’arrivée au cratère du volcan se fait au même endroit.
L’ascension
Vers 10h le matin, alors que je m’apprête à entreprendre l’ascension, je fais la connaissance de quatre Argentins venus ici pour la même raison que moi : monter et descendre le volcan Casablanca. Après avoir échangé quelques mots, ils m’ont invité à me joindre à eux; c’est toujours plaisant cette ambiance de camaraderie générée par une passion commune…
Après avoir échangé un peu sur quel itinéraire choisir, nous avons opté pour le plus long, soit celui parcourant la crête. Ayant toute la journée devant nous et voulant profiter, bien relaxe, d’une vue imprenable sur les montagnes et les lacs, l’option allait de soi et le choix ne fut pas décevant.
Après avoir gagné le sommet du téléski Don Pedro, nous nous engageons sur la longue crête, qui comporte quelques petites montées et redescentes – pas besoin d’enlever les peaux – et qui se rattache au cône du Casablanca. Rendus là, nous entreprenons l’ascension du volcan comme tel alors que la pente devient plus inclinée.
Comme dans la majorité des ascensions de volcans, les crampons à skis (couteaux qu’on fixe après les fixations) sont de mises; de fait, même si le soleil fait tranquillement son œuvre sur la neige, la surface reste durcie.
Il est possible de faire l’ascension en ski avec les peaux jusqu’au sommet; par contre, à défaut d’avoir l’équipement nécessaire, il faut assurément transférer vers les crampons d’alpiniste pour les bottes afin d’atteindre sécuritairement le sommet.
Le cratère
Une fois le sommet atteint, la récompense est pleine: le panorama est incroyable, irréel. Je laisse les images parler d’elles-mêmes…
Comme le volcan Casablanca n’est plus actif, son impressionnant cratère est rempli de neige. Celui qui le veut pourra même skier à l’intérieur, pour un dénivelé d’environ 200 mètres.
La descente
Après avoir amplement pris le temps de contempler le paysage, nous entamons la longue descente qui nous ramènera à la base de la station de ski, moyennant une petite remontée obligée d’une cinquantaine de mètres à mi-parcours.
Le soleil a fait son œuvre sur la neige et la surface est maintenant en «crémage à gâteau» sur une base ferme; bref, les conditions parfaites pour ce type de descente.
Nous nous élançons l’un après l’autre pour attaquer la longue partie inclinée du cône, qui nous mène ensuite vers un grand plateau à la pente douce que nous savourons en faisant des virages grand rayon, glissant entre les roches sur cette belle neige humide.
Après la petite remontée, la descente se poursuit dans la station de ski pour se terminer au chalet du bas. Je regarde mes camarades argentins, tout sourire et les yeux pétillants de bonheur pour l’ascension accomplie. J’imagine que c’est exactement à cela que je devais ressembler moi aussi… Heureux, je repars seul vers d’autres horizons chiliens, gardant un souvenir impérissable de cette journée sans faille.
Pour en savoir plus sur la station de ski Antillanca, porte d’accès du volcan Casablanca:
Au sommet du Cerro blanco, la vue sur le contrefort des Andes péruviennes est saisissante. L’environnement est extrêmement aride, avec quelques cactus et broussailles ici et là, sans plus. Mes yeux balaient avec fascination les montagnes environnantes, dominées par la plus haute dune skiable au monde où je me trouve, dont l’altitude atteint 2080 mètres et le dénivelé près de 1200 mètres, soit presque 2 fois celui du Mont Sainte-Anne.
Après plusieurs minutes de contemplation, le moment attendu se pointe: je m’élance, skis aux pieds, gardant les yeux vers le bas, prenant de la vitesse, m’amusant à faire des virages en court et grand rayon, laissant mes traces s’imprégner sur le sable fin. La descente est longue, fluide, sublime, autant pour moi que pour le planchiste péruvien Dito Chavez qui m’accompagne.
Il reste que la satisfaction qu’apporte la récompense est proportionnelle à l’effort consenti pour profiter de cette descente du Cerro blanco. De fait, il n’y a pas de solution facile pour s’y rendre; il s’agit d’une randonnée d’approche variant entre trois et quatre heures, selon la vitesse de marche, de surcroît dans un environnement désertique caractérisé par une chaleur persistante.
C’est d’ailleurs pourquoi la meilleure option consiste à partir très tôt de la plus proche ville, soit Nasca, située à environ 7h d’autobus au sud de la capitale Lima.
C’est ainsi qu’à 4h du matin, le mercredi 16 mai 2018, Juan Carlos, Rossana Rodriguez, Dito Chavez et moi-même quittons Nasca afin de nous rendre en voiture au début du sentier qui nous mènera au Cerro blanco. Trente minutes plus tard, nous entamons la randonnée à la frontale, dans la nuit qui se fait clémente sous un ciel gorgé d’étoiles.
Sur le chemin, Dito me raconte son histoire, qui n’est pas banale. Ayant commencé à pratiquer le sandboard – l’équivalent de la planche à neige sur le sable – durant l’adolescence, il a plongé tête première dans le sport comme exutoire de la misère qui afflige trop souvent la jeunesse péruvienne. Le sandboard, au même titre que le snowboard, bénéficie d’une structure mondiale de compétition qui prend diverses formes: slalom, boardercross, sauts, etc. De fil en aiguille, Dito s’est donc hissé au sommet de son sport pour finalement obtenir le titre de champion mondial en sandboard. Mais l’histoire ne s’arrête pas là.
En parallèle, il se développe également sur la neige, s’entraînant en Europe et en Argentine. Il est aujourd’hui le seul Péruvien à faire partie du circuit mondial FIS en snowboard, et il me confie même être passé par Stoneham, au Québec, pour l’épreuve de la Coupe du monde. Son objectif ultime reste les Jeux olympiques de Beijing 2022.
Il va sans dire que Dito est un modèle pour les jeunes péruviens. Avec sa collègue Rossana, il a démarré sa propre école de sandboard, la Dito Sand X Sports située à l’oasis de Huacachina où, en plus d’accueillir les touristes qui veulent s’initier au ski ou à la planche sur le sable, il a mis sur pied un programme d’inclusion sociale des jeunes par le sport.
À l’assaut de la dune
Le soleil s’est maintenant levé, et ses doux rayons matinaux caressent ma peau alors que nous nous approchons de la dune.
L’ascension ne se fait pas sur la dune, qui est assez inclinée (entre 40 et 45 degrés), mais plutôt par un sentier de randonnée qui sillonne à travers les montagnes environnantes et qui nous y amène par l’arrière. Lorsque nous atteignons finalement le sommet, la chaleur se fait plus accablante, mais l’altitude nous expose tout de même à un petit vent rafraîchissant.
Au sommet de la dune, le sentiment d’accomplissement est vivifiant pour tous!
La vue sur la descente est vertigineuse!
Avant de descendre, il faut s’adonner au rituel qui caractérise les sports de glisse sur le sable, soit d’étendre la cire d’une chandelle sur la base du ski ou de la planche, recouverte par un plastique laminé.
Puis, au contact du sable chaud, la cire fond et s’étend sur la base, ce qui rend le ski glissant. Et les sceptiques seront confondus: ça glisse presque autant que sur la neige!
On peut même se construire des sauts. Juan Carlos et Dito s’en donnent respectivement à cœur joie!
Après trois petits vallons à franchir au tout début, la descente se veut ensuite longue et constante.
Une fois rendu en bas, la journée n’est pas encore terminée! Il reste environ une heure et demie, voire deux heures de marche pour retourner à la voiture. Il est maintenant midi et la chaleur est à son apogée; de plus, nous ne bénéficions plus de l’effet de l’altitude sur la température. Je dois couvrir chaque partie de mon corps – le cou, les oreilles, les mains – afin de ne pas brûler. Au moins, la randonnée se fait sur un terrain plat…
Il reste qu’un regard par-dessus l’épaule sur le chemin du retour nous fait apprécier toute l’ampleur du Cerro blanco et de la descente effectuée.
La Dito Sand X Sports à l’oasis de Huacachina
Tout skieur ou planchiste qui effectue un voyage au Pérou doit se réserver deux jours pour passer par l’oasis de Huacachina, située à seulement 10 km de la ville d’Ica, pour vivre l’expérience du ski ou de la planche sur le sable. Vous serez d’ailleurs surpris d’y rencontrer des skieurs et planchistes venus de partout au monde.
L’équipe de la Dito Sand X Sports sera là pour vous accueillir et vous faire découvrir les dunes autour de l’oasis. Si vous désirez pousser plus loin l’expérience, comme dans ce reportage, Rossana et Dito pourront vous organiser une journée au Cerro blanco.
Pour se rendre à l’oasis de Huacachina, il faut prendre un taxi à partir du terminus d’autobus d’Ica (calculez 10 soles péruviens). L’oasis, construite autour du petit lac entouré de dunes, est constituée principalement d’hôtels, de piscines et de restaurants. Tout cela fait que l’ambiance d’après-ski est garantie dans cet environnement dépaysant et atypique pour le skieur québécois!
Faire un voyage, même de ski, est une occasion rêvée pour une immersion dans la culture d’un autre pays, surtout lorsqu’on l’organise soi-même et qu’on fuit les «tout inclus» que proposent les voyagistes. Si c’est votre cas, voici quelques items qui vous seront utiles pour agrémenter votre voyage de ski au Chili.
Vous pensez vous en sortir avec «Una cerveza, por favor»? Ou vous débrouiller puisque vous connaissez l’anglais? Eh bien, non! Les Chiliens, pour la majorité, ne parlent pas anglais et ne feront ni un ni deux pour vous accommoder linguistiquement. À vous, alors, de faire tous les efforts: «À quelle heure est le prochain autobus pour Temuco?»; «Puis-je avoir un billet pour Pucón?»; «Où se trouve le terminus d’autobus?»; «J’aimerais louer une voiture avec des chaînes pour la neige»; «À quand la prochaine tempête de neige?», etc. Voilà autant de phrases que vous devrez savoir et qui vous permettront d’arriver à votre destination finale: la montagne. En chemin, vous ferez sourire les Chiliens avec votre accent, mais ils seront heureux de constater vos efforts linguistiques et seront, dès lors, beaucoup plus prompts à vous aider.
2. L’espagnol en 5 minutes par jour
Vous savez que vous allez skier en Amérique latine depuis un bon moment déjà. Et vous vous dites sans cesse: «Il faut que je m’inscrive à un cours d’espagnol.» L’humain étant ce qu’il est, la procrastination repousse l’action et, à quelques semaines de votre départ, la seule phrase que vous connaissez est encore: «Una cerveza, por favor!». Rassurez-vous, le petit livreL’espagnol en 5 minutes par jour vous permettra d’apprendre les rudiments de l’espagnol et, au moins, de savoir situer vos interventions dans le temps et l’espace avec un minimum de syntaxe et de grammaticalité. À cinq minutes par jour, c’est facile d’éviter la procrastination!
3. Un guide de voyage et la carte Chili/Argentine
Comme vous organisez votre propre voyage, vous ne pourrez dès lors compter que sur vous-même. Quiconque est déjà parti à l’aventure sait qu’un livre du type Le Petit Futé ou Lonely Planet est essentiel à la planification. N’en faites pas l’économie, surtout si votre niveau de maîtrise de l’espagnol est faible. Outre les hôtels, les restaurants et des données sur les compagnies d’autobus (un vrai casse-tête au Chili), ces guides incluent aussi des informations sur les stations de ski, comment vous y rendre et où dormir.
En complément, la carte du Chili/Argentine vous permettra d’éviter de vous tromper de route et, le cas échéant, de vous y retrouver même si le réseau routier est plutôt simple et efficace.
4. La compilation de musique Viaje Andino
La trame sonore pour accompagner votre dépaysement! Mélangeant la musique traditionnelle de l’Amérique latine à la musique électronique, les deux volumes de la compilation Viaje Andino produite par le netlabel chilien Sello Regional vous permettront de découvrir la culture musicale des Andes dans une ambiance contemporaine. La route panaméricaine traverse la vallée chilienne sur toute sa longueur, avec vue presque constante sur les Andes enneigées; les pièces que propose Viaje Andino enroberont votre environnement visuel d’une atmosphère sonore propice à la découverte!
Disponible sur Bandcamp dans la formule «proposez un prix».
«J’écris pour des volcans dont les dômes de craie, répètent leur vide rond auprès de la neige pure» (extrait du Chant général de Pablo Neruda).
Célèbre homme politique chilien, communiste pourchassé à l’époque du gouvernement de Salvador Allende (années 1970) mais aussi penseur et poète, Pablo Neruda livrera, durant ses années de fuite et d’exil, une œuvre majeure de la littérature latino-américaine. Le Chant général permet de traverser l’histoire des conquêtes espagnoles en Amérique latine, en passant par les libérateurs, jusqu’aux gouvernements plus contemporains. Le tout, bien entendu, avec une attention portée sur le Chili.
Fortement ancrée dans la culture, les traditions, les valeurs et les paysages du Chili, l’œuvre poétique est un plaisir intellectuel et linguistique qui permettra d’agrémenter votre voyage d’une touche littéraire.
6. Le Topo du ski andiniste de Frédéric Lena
Nous voici rendus à la montagne, et c’est le temps de skier! Si vous désirez sortir des sentiers battus et découvrir les Andes, ses volcans et ses montagnes skiables, il est fortement recommandé d’entreprendre l’exploration avec le Topo du ski andiniste de Frédéric Lena (Belupresse, 2007; http://www.belupress.com/), qui présente 80 itinéraires de randonnées dans les Andes du Chili et de l’Argentine. Bourré de cartes, de photos, de détails sur les itinéraires et d’anecdotes de voyage, cet ouvrage constitue une source d’information dont on ne peut se passer, en plus d’être un pur plaisir à lire.
En complément:
Pixmap Cartografía Digital: un organisme qui offre une cartographie de qualité pour les Andes. Plusieurs régions skiables de l’Argentine et du Chili y sont cartographiées.
Servicio de estaciones DGA en Tiempo Real: la liste des stations météo (dont celles des Andes) sur toute la longueur du Chili. http://dgasatel.mop.cl/index.asp
Avanet: une application socio financée qui permet de connaître l’état de la neige et les conditions d’avalanche partout sur le globe, incluant les Andes. https://avanet.avatech.com/login
À noter: il existe également plusieurs ressources spécifiques à l’Argentine, mais comme l’article porte sur le Chili, j’ai choisi de me concentrer sur celles disponibles pour ce pays.
*Cet article a été initialement publié en mars 2017 mais son contenu est toujours d’actualité!
Assis au sommet du volcan Lonquimay, sur le bord du cratère rempli de neige, je regarde l’horizon. Derrière moi, la vallée verdoyante se perd dans les nuages; à gauche, à droite, devant: j’admire les Andes enneigées du sud chilien avec ses iconiques volcans, notamment le Tolhuaca, la Sierra Nevada, le Llaima et, au loin, le Villarrica, qui trônent sur les montagnes environnantes. Les options d’ascension et de descente sont innombrables.
Je jette un regard sur mon amie Andrea Olivares Grez, qui contemple avec moi le paysage. Elle me raconte l’histoire de son grand-père, Jorge Grez. Celui-ci fut un des pionniers andistes à skier les hautes Andes dans la région de Farellones dans les années 1930 et l’un des membres fondateurs du premier club de ski chilien; puis il participa au développement du ski à Portillo dans les années 1940. (NDLR: Le ski dans les Andes débuta avant, mais c’était surtout des Européens qui s’y rendaient.)
Le citant comme inspiration, Andrea est portée, comme d’autres skieurs de sa génération, par la découverte des Andes et par le plaisir de «gagner» ses virages pour accéder à des endroits intouchés. Originaire de Santiago de Chile, elle s’est récemment établie à Malalcahuello, le petit village près de la station de ski Corralco qui s’élève sur environ 850 mètres de dénivelé au pied du volcan Lonquimay.
Travaillant à Corralco comme monitrice, elle me confie avoir choisi l’endroit pour les possibilités infinies d’explorer en ski cette région du sud chilien. Et je dois lui donner raison: outre le Lonquimay et les autres volcans environnants, il y a, dans les montagnes qui s’étalent à perte de vue, des options pour s’occuper durant des semaines.
Andrea Olivares Grez, monitrice à Corralco Resort de Montana et adepte de backcountry, m’a fait découvrir plusieurs secteurs autour de la station de ski.
Corralco Resort de Montaña
Un premier point de départ pour l’exploration dans cette région est la station de ski Corralco, qui se trouve au pied du volcan Lonquimay (pour plus d’information, voir l’article Corralco : prêt pour un terremoto blanco). La randonnée classique est évidemment l’ascension du volcan, que l’on peut faire soit à partir de la base de la station de ski (dénivelé de 1300 mètres jusqu’au sommet), soit à partir du haut du téléski Cumbre (dénivelé d’environ 450 mètres jusqu’au sommet). Le volcan s’élève à 2865 mètres d’altitude et la pente atteint un 35 degrés d’inclinaison à l’approche du sommet.
Durant l’ascension du volcan Lonquimay.
Au sommet du volcan Lonquimay, sur le bord du cratère rempli de neige, avec vue sur le volcan Tolhuaca.
La descente est superbe. Je m’élance sur l’immense champ blanc que constitue la face sud-est du volcan. Aucune trace devant moi: la surface est intouchée; j’effectue de grands virages sur une neige molle légèrement humide, parfaite pour ce type de descente. Plus bas, je skie dans les coulées de lave, formant de longues demi-lunes où s’accumule la neige. Et 1300 mètres plus bas, je me retourne pour contempler la descente; monter et skier un volcan est une expérience unique.
Outre le volcan Lonquimay, plusieurs autres options s’offrent sur les montagnes autour de la station de ski Corralco, que ce soit en sous-bois à travers les araucarias – ces conifères emblématiques de la région de l’Araucanie – ou en environnement alpin. Parmi les options intéressantes se trouve le Cerro Cautin (une crête juste à côté de la station de ski) et, à l’arrière de celui-ci, un vaste secteur qui se nomme la Valle Pehuenche – lieu jadis secret des Mapuches, une tribu autochtone du sud du Chili.
Au sommet du Cerro Cautin, on savoure la liberté qu’apporte le ski de randonnée!
On observe les multiples lignes avant de se lancer dans une descente sur le Cerro Cautin.
Vue sur une partie de la Valle Pehuenche
Andrea profite d’une descente parfaite dans la Valle Pehuenche.
Notre chroniqueur Pierre Pinsonnault termine une descente de la Valle Pehuenche dans les araucarias (Photo: Andrea Olivares Grez).
J’ai exploré la Valle Pehuenche avec Andrea. On y trouve plusieurs descentes allant de niveau intermédiaire à expert, s’étalant sur un dénivelé d’environ 600 mètres et se terminant pour la plupart avec des virages entre les araucarias. J’ai vraiment adoré cet endroit pour me réfugier lors des journées venteuses, où la neige reste de belle qualité.
Le village de Malalcahuello
Près de Corralco, le village de Malalcahuello est un excellent endroit pour mettre pied-à-terre et profiter de cette région où le climat humide favorise un enneigement abondant et fréquent, bon an mal an. C’est le point de départ pour se lancer dans l’exploration des Andes du sud chilien et, particulièrement, de ses volcans; c’est aussi une excellente façon de s’exiler des luxueux et très chers resorts touristiques près de Santiago, afin de vivre une immersion dans la culture chilienne.
Signe du développement d’une culture backcountry dans ce coin de pays, plusieurs auberges et magasins d’équipement de ski voient le jour depuis quelques années. Aussi, l’agence Isoterma Cero (www.facebook.com/isoterma.cero/) guide les skieurs dans la découverte des environs de Malalcahuello et propose des tours sur les volcans ou de petites randonnées en ski dans les forêts d’araucarias, avec descentes à la clé.
Le petit village de Malalcahuello est un bon endroit pour mettre pied-à-terre en vue d’explorer les Andes du sud chilien.
Quoi de mieux qu’un BBQ chilien pendant que la neige tombe à la montagne!
Aujourd’hui c’est tempête, demain on skie! Salud! (Photo: le tenancier de Canon del Blanco)
Et la tempête fit…
À ma quatrième journée dans la région, une brève mais intense tempête (comme c’est la norme dans le coin) m’oblige à prendre une demi-journée de congé de ski. En effet, après un avant-midi à skier la station Corralco dans une relative visibilité, j’ai abdiqué à la suite d’un texto d’Andrea m’invitant à un petit party dans les termes suivi d’un BBQ avec ses amis. Lorsque c’est la tempête à la montagne, vaut mieux profiter de ce que le Chili a d’autre à offrir.
Après une bonne heure à relaxer aux termes de Canon del blanco (http://www.canondelblanco.cl/) sous la pluie, nous passons au vin et aux grillades. Pendant que nous mangeons et buvons en nous racontant nos meilleures aventures de ski, les centimètres s’accumulent dans les hauteurs à la faveur de la nuit.
Au réveil, les résidus de la tempête laissent tranquillement place au ciel bleu et au soleil. Comme il ne me reste qu’une demi-journée à passer à Corralco, je décide donc de profiter de la poudreuse en station. Avec ses 850 mètres de dénivelé, son large terrain de jeu, ses accumulations neigeuses fréquentes et son faible achalandage, Corralco a de quoi satisfaire n’importe quel skieur avide de poudreuse. Et de fait, Andrea et moi laissons à chaque descente nos traces sur les immenses champs blancs et dans les demi-lunes modelées naturellement par les coulées de lave, remplis de neige poudreuse.
Le paysage hivernal, avec les araucarias enneigés, est la vue qu’offre la route menant à la station de ski Corralco.
Andrea profite de la poudreuse à Corralco après la tempête.
Quitter le paradis…
En m’éloignant sur la route, je jette un dernier regard sur le volcan et les montagnes environnantes. Pas étonnant qu’Andrea et une poignée d’autres skieurs chiliens aient choisi cette région pour se développer dans le backcountry. L’endroit est un paradis enneigé, les options sont infinies, on peut y skier entre les arbres – chose rare au Chili – et, aspect d’autant plus intéressant, cette région reste peu fréquentée par les touristes. Bref, c’est le terreau rêvé pour la nouvelle génération de skieurs backcountry du Chili… et pour les aventuriers qui, comme moi, prennent la peine de s’y arrêter.
Au début de l’ascension du volcan Antuco, dans un décor splendide (Photo: Alan Proboste Medina).
Le moment frappe l’imaginaire, l’image reste gravée dans la mémoire, la sensation d’accomplissement est pleine: se tenir sur le bord du cratère fumant du volcan Villarrica après cinq heures d’ascension, se pencher pour regarder la lave, mettre ses skis et s’élancer pour une descente enivrante de 1550 mètres de dénivelé.
De premier abord, cette expérience peut paraître inaccessible; pourtant, avec une bonne préparation physique et mentale, un bon niveau de ski, le bon équipement et une connaissance préalable du type de terrain, il est possible de mener à bien l’ascension et la descente de plusieurs volcans du sud du Chili. Voici le récit de mes excursions sur trois volcans au mois d’août 2016 avec, à la clé, quelques conseils.
Volcan Lonquimay: pour se faire les jambes
Le volcan Lonquimay est situé près du village de Malalcahuello, en Araucanie. (Pour plus d’information sur le volcan Lonquimay et le village de Malalcahuello, lire mon autre texte Corralco / volcan Lonquimay: épicentre de la nouvelle génération backcountry du Chili.) Comme les deux autres volcans présentés dans ce reportage, on y retrouve une station de ski à sa base, réduisant l’approche à zéro grâce à la route d’accès. Également, la présence de stations de ski peut, pour celui qui le désire, réduire le temps d’ascension en faisant une partie du dénivelé à l’aide des remontées mécaniques lorsque celles-ci sont ouvertes (ce n’est toutefois pas cette option qui sera présentée).
Le Lonquimay est la randonnée parfaite pour s’initier à l’environnement volcanique. L’ascension n’est pas très technique, l’itinéraire est évident et la neige y est la plupart du temps de bonne qualité. Il s’agit d’une ascension de 1285 mètres de dénivelé sur une pente qui ne dépasse pas les 35 degrés d’inclinaison à l’approche du sommet.
Durant l’ascension, on ne peut que s’émerveiller devant les Andes du sud chilien.
Pour le Lonquimay, j’ai fait l’ascension en peaux jusqu’en haut du téléski Cumbre; par la suite, j’ai effectué la transition vers les crampons d’alpinisme et j’ai grimpé en suivant la crête qui mène au sommet. Arrivé en haut, le panorama est fabuleux: les Andes enneigées s’étendent à nos pieds alors que trônent plusieurs autres volcans.
Pour skier, je choisis la face qui présente les meilleures conditions, considérant la direction des vents et l’ensoleillement. La face sud-est semble l’option idéale la plupart du temps. La descente, quant à elle, est mémorable grâce à la qualité de la neige dans cette région.
Il s’agit de la deuxième fois que je monte et descends le Lonquimay, la première étant en 2014. C’est d’ailleurs lors de cette première ascension que j’ai eu la piqûre du ski volcanique et je m’étais juré que d’y revenir… M’y revoici, et cela est le prélude à deux autres ascensions tout aussi plaisantes.
Même s’il est possible de faire cette ascension en autonomie – ce que j’ai fait pour les trois volcans présentés ici – vous pouvez toujours demander les services d’un guide directement à la station de ski Corralco ou à l’agence Isoterma Cero (www.facebook.com/isoterma.cero/), basée à Malalcahuello.
La beauté du volcan Lonquimay enneigé se dévoile dès qu’on arrive au village de Malalcahuello.
Un petit selfie durant l’ascension du volcan Lonquimay.
La crête qui mène au cratère.
Au sommet du Lonquimay, on aperçoit quelques autres volcans comme la Sierra Nevada (à l’avant-plan à gauche) et le Llaima (à droite).
Volcan Villarrica: l’incontournable actif
Le volcan Villarrica est un des plus actifs du Chili – la dernière éruption de décembre 2014 nécessitant la suspension de toutes les activités récréatives – et aussi l’un des plus populaires. On peut y rencontrer jusqu’à 50 personnes par jour de beau temps et, à cet égard, son attractivité est due au fait qu’il est possible d’y observer la lave lorsqu’on se rend jusqu’au cratère. La municipalité de Pucón, au pied du volcan, héberge d’ailleurs plusieurs agences de guides pour accompagner les touristes au sommet.
J’ai effectué cette ascension en autonomie avec une connaissance qui était au Chili à ce moment, soit Thomas Thiery. Afin d’éviter les foules et puisque nous savions que le temps allait se gâter en cours de journée, nous commençons l’ascension tôt le matin, vers 6h30. À notre arrivée dans le stationnement de la station de ski, comme il fait encore sombre à cette heure, nous pouvons nous émerveiller devant la lueur rougeâtre au sommet du volcan, effet perceptible de la lave qui illumine timidement le ciel noir.
Nous entamons donc la montée des 1550 mètres de dénivelé pour atteindre le cratère. L’ascension est une expérience psychologique intense pour moi: après avoir fait la transition des peaux vers les crampons d’alpinisme, la montée, pourtant pas si inclinée (30 degrés tendant vers les 35 degrés à la fin), s’effectue sur une surface qu’on peut qualifier «en écailles de glace», avec un vent soutenu à 80 km/h. Il faut avoir conscience que l’un des dangers sur les volcans est de faire une chute, ce qui peut se traduire par une glissade incontrôlée sur plusieurs centaines de mètres. Peu importe où l’on est dans ces environnements, le risque zéro n’existe pas…
Pierre au sommet du Villarrica, avec le cratère fumant à l’arrière (photo: Thomas Thiery).
Nous nous battons donc contre le vent, qui nous frappe de plein fouet pour le reste de l’ascension, soit un bon deux heures. Il faut garder l’équilibre et, heureusement, les crampons s’enfoncent bien dans la surface durcie. Le vent soulève la neige, qui nous fouette constamment le visage. Le sommet, qui paraissait si loin, arrive plus vite que je me l’imaginais; et heureusement, puisque mon esprit remettait en question la source de ma motivation à vouloir me trouver sur une pente semi-glacée de 35 degrés, les skis sur le dos, à garder mon équilibre contre un vent furieux.
Tout cela finit par prendre sens une fois au sommet, alors que je contemple le cratère fumant du Villarrica. Une fois la photo d’usage faite sur le bord du cratère, nous entamons rapidement la descente puisque le vent devenait insoutenable.
La première partie se fait sur une surface semi-glacée (c’est skiable, avec prudence), alors que la seconde partie s’effectue sur une superbe neige molle réchauffée par le soleil. La morphologie du volcan Villarrica, particulièrement dans sa partie inférieure, en fait un terrain accidenté très plaisant à skier.
Le volcan Villarrica vu de la rive du lac du même nom.
Durant l’ascension du volcan Villarrica.
Le début de la descente, proche du sommet (photo: Thomas Thiery).
Et Pierre regarde derrière lui pour contempler sa descente de 1550 mètres de dénivelé sur un terrain de jeu à faire rêver! (Photo: Thomas Thiery)
Volcan Antuco: splendeur et solitude
Le volcan Antuco est celui où l’on risque de rencontrer le moins de personnes; c’est aussi l’ascension la plus technique des trois présentées ici, avec un dénivelé de 1600 mètres et une inclinaison constante à 40 degrés dans la partie supérieure. Comme les deux autres volcans de mon récit, Antuco se trouve dans un parc national, mais c’est le seul où l’on m’a demandé de m’inscrire à l’entrée comme mesure de sécurité. Aussi, comparativement aux deux autres, il n’y a pas de service officiel de guides; il faut donc réaliser l’ascension en autonomie.
En fait, le meilleur «guide» pour réaliser les itinéraires en autonomie est le livre Topo de ski andinisme de Frédéric Lena (www.belupress.com). On y retrouve les itinéraires de randonnée pour plusieurs volcans du Sud, de même que pour d’autres régions des Andes du Chili et de l’Argentine.
Le début de l’ascension (et plus tard de la descente) de l’Antuco s’effectue en bottes sur la roche, le centre de ski étant fermé cette année par manque de neige à basse altitude. Mais après les 300 premiers mètres, je peux mettre les peaux et grimper à l’aide des crampons à skis. Il est tôt et le soleil n’a pas encore réchauffé la surface de neige durcie.
La journée est parfaite: le ciel est dégagé et la température augmente juste assez pour me préparer une belle surface style «crémage à gâteau» pour la descente. L’attrait de l’ascension est de voir la Laguna de La Laja se dévoiler dans toute sa splendeur à mesure que je prends de l’altitude. Il s’agit d’un lac de montagne qui s’est créé lors de la dernière éruption du volcan Antuco, il y a environ 30 ans, alors que la lave coulante a eu pour effet de bloquer le rio de La Laja.
La Laguna de la Laja dans toute sa splendeur, vue du sommet du volcan Antuco.
Lorsque la pente atteint environ 35 degrés d’inclinaison, je fais une transition vers les crampons pour bottes de skis. Il devenait moins sécuritaire de poursuivre la montée en peaux, surtout que l’inclinaison augmentera encore pour atteindre 40 degrés.
Pour la suite, je monte sur une crête, partiellement glacée (pas de problème avec les crampons), et dont les roches me donnent des points d’appui. Le vent se met aussi de la partie, atteignant environ un 70 km/h soutenu pour le dernier tiers de la montée; néanmoins le soleil et le ciel bleu rendent l’ascension sereine.
Les derniers 100 mètres pour atteindre le cratère sont glacés et balayés par le vent, ce qui est normal pour les volcans dont les cônes trônent généralement à 3000 mètres d’altitude dans cette partie des Andes. Au sommet, le vent est tel qu’il devient inconcevable de chausser les skis en sécurité. Je prends donc quelques clichés du panorama avant de redescendre sur un plateau 100 mètres plus bas, moins exposé vent.
Quelques instants avant la descente du volcan Antuco.
Outre les 50 premiers mètres glacés avant de rejoindre la belle neige andine, la descente sur une pente constante de 40 degrés au début, diminuant à 35 degrés par la suite, est fantastique. La neige est parfaite pour ce genre de descente: une surface soyeuse compactée par le vent, qui ramollit un peu plus bas sous l’effet du soleil sans devenir lourde. À chaque virage, la gravité me tire vers le bas et la neige est tellement bonne que le contrôle des virages et de la vitesse est aisé.
Pour tous les aspects – le soleil, la qualité de neige, le panorama, l’accomplissement personnel – l’ascension et la descente du volcan Antuco restera à jamais gravée dans ma mémoire. C’est très certainement l’un des plus beaux moments de ski de ma vie.
La Laguna de la Laja.
Au début de l’ascension du volcan Antuco, dans un décor splendide (Photo: Alan Proboste Medina).
La Laguna de la Laja se dévoile à mesure qu’on gravit le volcan.
Escapade courte mais intense
Si mon escapade chilienne fut courte cette année, elle s’est avérée néanmoins à la fois intense et extrêmement satisfaisante. En seulement huit jours de ski possibles, j’ai pu faire l’ascension de trois volcans, sans compter les autres sorties en backcountry autour du volcan Lonquimay et un peu de ski en station à Corralco. Et, aspect non négligeable, j’ai pu renouer avec ce beau pays qu’est le Chili et ses sympathiques habitants.
Dans tout le Chili, du nord au sud, il y a quelque 500 volcans qui ponctuent la cordillère des Andes. Les plus accessibles se trouvent au sud, soit dans les régions du Bio-Bio, de l’Araucanie, de Los Rios et de Los Lagos, où l’on en compte près d’une trentaine qui sont skiables. Nul besoin de préciser qu’il y a là plusieurs options pour s’occuper durant quelques étés…
La neige tombe depuis plusieurs jours, à intervalle plus ou moins régulière. Un mètre et demi s’est accumulé depuis trois jours sur la partie des Andes où je me trouve. Durant cet hiver austral 2017, la situation est exceptionnelle dans le sud du Chili: il fait plutôt froid, et la neige apparaît à une plus basse altitude que la normale, jusque dans le village de Malalcahuello, en Araucanie, qui m’abrite en cette deuxième moitié d’août.
Avec les conditions météorologiques, l’idée de s’aventurer en terrain alpin en vue de gravir des sommets est balayée du revers. Par contre, dans cette région du Chili au climat bien particulier, où se trouve notamment la station Corralco Resort de Montana, il existe un environnement de ski qu’on ne retrouve pas ou peu ailleurs au pays: les forêts d’araucarias, ces conifères au look exotique qui peuplent les montagnes enneigées de l’Araucanie.
Malgré mon désir inassouvi de gravir les volcans du coin, mon ami chilien Chago Urrutia, guide chez Isoterma Cero, me dit que j’arrive ici à un moment épique. Depuis quelques semaines, il skie, avec ses compatriotes, plusieurs endroits où il est habituellement difficile, voire impossible de skier. Et conditions climatiques extrêmes obligent, cette année en est une d’exploration dans les forêts, de découvertes de nouvelles lignes à skier.
Quand la nature nous force à nous retrancher, elle nous révèle parfois des trésors insoupçonnés.
Un bon matin, alors que je rejoins Chago et deux autres camarades, Victor Astete et Pilar Fuentes, pour une autre journée de ski, ceux-ci me proposent de découvrir un endroit qu’ils qualifient de «magique»: la cordillère Las Raìces, une sous-chaîne des Andes qui, disent-ils, contient le meilleur, sinon l’unique ski en forêt du Chili.
Nous passons en van à travers le long tunnel Las Raìces, qui fait le lien entre le village de Malalcaheullo et la ville de Lonquimay. Déjà, traverser ce tunnel long de 4,5 km, à voie unique d’une largeur de 4,2 mètres, devient une expérience en soi.
Puis, une fois rendus à Lonquimay, nous prenons la route en direction de l’ancienne station de ski Los Arenales, fermée depuis quelques années. Nous montons la route jusqu’à ce que le van ne puisse aller plus loin, faute de déneigement adéquat. Nous mettons alors les peaux sous les skis et entamons la randonnée sur la route, jusqu’à ce que nous trouvions l’endroit parfait pour traverser dans la forêt.
Sur la route, la hauteur des bancs de neige témoigne d’un hiver hors du commun.
Lorsque la pente s’accentue, entamons la randonnée dans la forêt, avançant dans une poudreuse profonde. C’est à ce moment que je prends la pleine mesure de la beauté de l’environnement qui m’entoure.
La végétation, grandement constituée d’araucarias et de coigüe (genre de bambou), est recouverte d’une épaisse couche de poudreuse sèche. Les araucarias, dont certains spécimens peuvent avoir plusieurs centaines d’années, s’élèvent sur leur tronc dénudé, laissant un espace ample pour sillonner durant la descente.
Pour les Mapuches, nation autochtone qui peuple le sud du Chili et notamment l’Araucanie, les araucarias recèlent un pouvoir sacré, divin. Ces arbres, qui résistent au climat extrême dans cette partie des Andes, symbolisent également le salut, la chance. De fait, son fruit, le pignon, leur évite la famine et devient un aliment fondamental de la culture culinaire mapuche.
À mesure que nous avançons, j’ai l’impression de me promener dans une forêt sacrée, de gravir un temple naturel. Les bourrasques de neige qui me frappent le visage n’entachent pas mon émerveillement. Autour de notre petit groupe, il règne un calme monastique. Personne ne parle; la contemplation impose le silence. Le sentiment de bien-être croît; d’être ici, dans la neige, au milieu d’une forêt sacrée, de s’apprêter à descendre… Il y a quelque chose de mystique dans l’expérience.
La forêt, tantôt dégagée, tantôt plus dense, rappelle le type de terrain qu’on retrouve dans le nord-est; seulement la végétation diffère.
Nous amorçons une première descente. L’inclinaison de la montagne est assez prononcée, de sorte qu’à chaque virage nous plongeons dans la poudreuse jusqu’à la taille. La neige est légère et peu compacte, caractéristiques rares dans le sud du Chili.
Parfois, la végétation se resserre pour nous obliger à suivre de petits couloirs délimités par des arbustes, avant de s’ouvrir à nouveau en clairière.
La descente s’arrête à la route où, à nouveau, nous remettons les peaux afin de répéter une deuxième, puis une troisième, puis une quatrième fois…
Skieur: Chago Urrutia
Skieur: Victor Astete
Ainsi, nous oublions le temps.
Le temps n’est plus un facteur La conscience prend de l’ampleur La nature figée nous accueille dans sa splendeur Nous sommes seuls, si minuscules au sein de cette grandeur.
Au Chili se trouve cette cordillère oubliée Un paradis enneigé Où les racines donnent naissances à des arbres sacrés Qui nous offrent un refuge pour skier.
C’est alors que le ski devient mystique.
Pour plus d’informations sur le ski dans la région de l’Araucanie
C’est avec énormément d’émotion que j’ai visité, samedi le 7 avril dernier, la station de ski Val Neigette. Probablement pour une dernière fois, car le 8 avril était la dernière journée d’opération de cette station telle qu’on la connaît, celle-ci devant définitivement cesser ses opérations.
Au fil des ans, étant située à seulement 12 minutes du centre-ville de Rimouski, cette station a formé de nombreux skieurs et planchiste dans la région. Malheureusement, après neuf ans dans la famille Dufour, et quatre ans sous la férule de Mathieu Dufour, Val-Neigette rencontre des problèmes financiers si importants, qu’ils l’empêcheront d’opérer en 2018-2019. M. Dufour s’est donc résigné à cesser les opérations. Il est d’ailleurs à la recherche active de potentiels acheteurs pour la station, en tout, ou en parties.
Le damé était toujours bien préparé et faisait la renommée de la station. J’y ai skié personnellement plusieurs années, majoritairement de soir, et un peu de jour. Dans les grosses années, la station avait plusieurs centaines de membres saisonniers. Mais avec le temps, et malgré le bon vouloir de l’administration en place, l’affluence n’a cessé de décroître.
Je me suis amusé comme un petit fou pour cette dernière journée. À mon grand bonheur, il est tombé près de 30cm de nouvelle neige dans les journées du 4-5 avril, et comme la station n’est en opération que le samedi et le dimanche, j’ai eu droit à de la poudreuse à volonté. Évidemment, quelques pistes avaient été damées pour l’occasion, question de satisfaire tous les clients.
Je n’avais tellement pas le goût de quitter que j’ai même aidé à la patrouille à inspecter les pentes à la fermeture de la station. Mon coup de cœur de la journée est la piste #7, qui offre une bonne inclinaison, et où je pouvais trouver des lignes fraîches à chaque descente. Voici une photo dans cette piste avec la patrouille.
Je ne peux que souhaiter la meilleure des chances à M. Mathieu Dufour pour les décisions à venir. Souhaitons qu’un ou des acquéreurs se manifestent, et qu’ils permettent une suite à cette belle aventure que fut Val Neigette.
En terminant, laissons-nous sur un peu d’histoire. Selon mes recherches, les fondateurs principaux de cette station sont Gérald Lévesque, décédé tout récemment, le notaire Joseph Bérubé, et l’entraîneur sportif Rémi Larose.
Depuis plus de 55 ans, Val Neigette permetait aux amateurs de sports de glisse rimouskois de pratiquer leur sport favori. Située à seulement 10 km au sud du centre-ville, la station Val Neigette était surtout reconnue pour sa vocation de station de glisse familiale. Par contre, la qualité et la variété des pistes risque d’en surprendre plus d’un.
D’une dénivellation 190 mètres, elle offrait 25 pentes (de facile à extrême), 2 remontées mécaniques, un système d’enneigement artificiel, un système d’éclairage sur la majorité des pentes, et un accès aux sentiers de motoneige à partir du stationnement de la station.
Aujourd’hui mon coeur saigne, mais on se reverra un jour, ma Val Neigette!
Ce matin, je n’avais pas besoin d’ouvrir mes rideaux pour savoir le temps qu’il faisait; le bruit des lourdes gouttes de pluie sur le puits de lumière surplombant l’escalier de la maison suffisait amplement. J’ai donc décidé de faire du déni: j’ai laissé les rideaux fermés! En ce moment, les golfeurs et cyclistes du 514-450 (et quelques 819!) jubilent, pendant que les skieurs du 418 célèbrent. Vous dire que j’aimerais être dans un autre code régional est bien entendu inutile… mais j’en appelle à tous ceux qui ont la chance d’être là où il neige, SORTEZ SKIER! Dans la chronique Skinusite de mes collègues, on vous explique bien simplement là où il pleut, et là où il neige. Si vous faites partie des privilégiés qui ont droit à une période de prolongation de l’hiver, profitez-en pour ceux qui n’ont pas l’occasion de se déplacer… les séries éliminatoires font mal!
Le bénéfice du déni
Et même quand la pluie sera finie… faites donc encore un peu de déni: c’est pas parce que vous êtes en train de nettoyer vos plates-bandes que le ski est fini! Sortez profiter des plus belles journées du printemps sur les pentes. Le soleil, l’ambiance, l’absence d’attente aux remontées, le plaisir de skier sans avoir froid aux extrémités (vous avez grogné là-dessus pendant les Fêtes!), tout ça, c’est à vous si vous faites du déni du printemps! Lâchez les jonquilles et allez skier!
Chaque année à cette saison, on assiste à une hécatombe dans les stations de ski du Québec. Dès la fin de la Relâche, une dizaine de petites stations ferme, faute de skieurs. Puis, des stations de taille moyenne rejoignent les précédentes et ainsi de suite jusqu’à la mi-avril, où ne demeurent que quelques bastions, défendant de leur mieux le droit des skieurs à dévaler les pentes et à traverser les étangs.
Exception faite des saisons où le printemps est beaucoup trop pluvieux, ou des stations à l’enneigement 100% naturel, chaque année, à la fermeture de la majorité des stations, il subsiste encore une couverture neigeuse pour permettre aux skieurs de s’amuser pendant de longues journées. Ce n’est pas par manque de neige que les opérations cessent… c’est par manque de skieurs!
Décalage des saisons
Depuis plusieurs années déjà, il est de plus en plus laborieux d’ouvrir les pentes au début de l’hiver. Températures trop chaudes, pluies qui s’étirent, les ouvertures à 100% du domaines skiable sont maintenant chose plus que rare avant les Fêtes. Et que dire des périodes de froid intense! Ces températures donnent des maux de tête aux équipes d’enneigement: les fenêtres de travail possible sont de plus en plus courtes, et tout le travail est bien souvent à risque de s’évaporer à la prochaine pluie. Quel gaspillage!
Chaque hiver nous gratifie maintenant d’un « vortex polaire » suivi d’un « cocktail météo », le tout permettant aux différents annonceurs de météo (notez que je n’ai pas utilisé le terme « météorologue ») de se gargariser avec les mots « facteur éolien » et « brrr qu’il fait froid! », parfois saupoudré de « il faut être courageux pour aller en ski aujourd’hui! ». NON! Il faut simplement être bien habillé! Mais je m’égare… revenons aux aléas de la température: si vous n’en pouvez plus de commencer à skier en novembre-début décembre, et que vous êtes déçu du peu d’ouvertures des pistes, pensez donc à décaler vos sorties!
La neige arrive maintenant plus tard, et au moment où il fait le plus beau, vous vous acharnez à sortir votre vélo pour rouler sur des pistes cyclables pas encore nettoyées. Auriez-vous un léger problème d’impatience? Vous cherchez vraiment à trouver des raisons pour dire que vous n’aimez plus votre sport comme avant? Que les conditions vous compliquent la vie? C’est pourtant simple… décalez vos activités pour suivre les saisons!
Appel aux commerces
Je me permets ici un petit encart, que j’adresse aux boutiques et vendeurs de ski, golf, vélo: vous qui avez une petite superficie, joignez-vous à nous et faites du déni! Oui, je sais que les fabricants vous obligent à faire vos commandes « à l’envers des saisons »… mais êtes-vous vraiment obligés de sortir tout votre attirail de vélo et de fermer votre atelier d’entretien de skis pendant qu’il reste encore des journées skiables? Et à l’automne, quand il fait superbement beau et chaud, pourquoi sortir les skis sur le plancher, et râler que les ventes démarrent lentement? Faites de la résistance!
La clientèle ne pensera pas au ski tant qu’il n’y aura pas de chutes de neige visible, et trouvera ridicule qu’il n’y aie plus de patins à roues alignées dans les magasins en septembre… et elle ne pensera pas au vélo si vous n’affichez pas vos nouveautés pendant qu’il tombe 30cm de neige! Oui, on est comme ça, les humains: la plupart du temps, quand on ne voit pas quelque chose, ça n’existe pas! Bon, vous me direz que vous ne pouvez pas lutter contre les grandes surfaces… c’est bien vrai, et je vous ai apostrophés directement, précisément parce que je sais très bien que les Costco de ce monde vendent des habits d’hiver en juillet et des maillots de bain en janvier. On ne les fera pas changer. Mais vous le pouvez! Passez-vous le mot, et affichez clairement vos couleurs: vous suivez les saisons, il n’y a rien de plus naturel!
Voilà donc ce que je demande, bien simplement: faisons du déni! Collectivement, on arrivera à rendre le printemps rentable pour les stations de ski. Comme tous les changements, ça ne se produira pas du jour au lendemain… mais un rappel comme celui-ci ne peut pas nuire, non? Allez, j’ai confiance en vous, skieurs et planchistes: ignorez vos plates-bandes, laissez les pneus des vélos dégonflés, et profitez de la neige pendant qu’elle est là!
Sans dire que cette sortie était prévue de longue date, elle était dans nos intentions depuis que notre vaillant directeur du Guide en station a entrepris sa tournée dans les états de la Nouvelle-Angleterre. Ayant déjà skié à Burke, j’ai hérité du mandat informel de guider Jacques dans cette station au profil plutôt particulier!
À notre arrivée vers 9h30, le chalet est presque vide. Normal, on est en semaine, après tous les congés majeurs! On se dit donc que les pistes seront en bon état. Après avoir emprunté le Sherburne Express, nous voilà assis dans le Mid-Burke Express, en direction du sommet. Le petit écriteau « Ce télésiège ne dessert pas de terrain débutant » me fait sourire doucement: je sais à quoi m’attendre!
Le chalet principal et le secteur débutant attenant
Une partie du Burke Hotel et le départ du Mid-Burke Express
Nous allons quadriller la montagne d’ouest en est, en commençant par la Upper (puis Lower) Willoughby. Tel qu’anticipé, la neige mord sous les skis et le damage est parfait, le faible achalandage nous donne tout l’espace possible et nous savons que les conditions ne changeront pas au fil de la journée!
La montagne appartient presque aux coureurs de l’Académie en semaine…
Jacques dans la Upper Dipper
Geneviève dans la Lower Willoghby
La météo, prétendument ensoleillée, est demeurée résolument blanche: le ciel voilé nous aura donné un décor plutôt grisounet toute la journée, malgré les faibles éclaircies. Après avoir parcouru plus de la moitié de la montagne, je laisse Jacques découvrir la Deer Run pendant que je m’élance dans le sous-bois Sasquatch, suivi du Dixiland. Le fond n’est pas mince, mais les passages et virages plus fréquentés montrent des bouts de souches et de roc. Le scénario est identique du côté de la Jungle, dont la dernière « marche » avant la sortie vers le reste du domaine skiable demande plusieurs virages soigneusement calculés. Mieux valait se concentrer sur les pistes damées, qui sont une valeur sure à Burke!
Le sous-bois Sasquatch
Le sous-bois The Jungle
Il faut bien calculer ses virages!
Même si les dernières chutes de neige ont permis à la station de récupérer ses sous-bois, on se doute bien que le couvert neigeux n’est pas à son maximum pour la saison. Ceci étant dit, l’hiver a ignoré l’équinoxe et on a eu droit à une neige aucunement transformée tout au long de la journée. Les pistes bénéficiant de neige fabriquée offrent une glisse très uniforme mais celles laissées au naturel n’ont rien de honteux: le East Bowl avec ses petits virages sinueux était tout aussi agréable à descendre que la Carriage Road ou le Big Dipper.
Jacques dans la East Bowl
La Upper Willoughby
Geneviève dans la East Bowl
Ce qui est dommage de Burke, c’est qu’on en fait « rapidement » le tour. Le domaine skiable expert est vaste mais les pistes de niveau inférieur se font plutôt rares et très courtes, toutes concentrées dans le secteur du chalet principal. Cette montagne est donc idéale pour les skieurs de l’Académie; ce qui constitue l’autre bémol pour les skieurs touristes: à plusieurs reprises on se fait surprendre par une fusée qui parcourt les pistes et intersections à toute vitesse, hors des tracés de slalom où d’autres groupes s’entrainent. On en devient un peu parano, personne ne veut d’une collision à haute vitesse!
On a terminé la journée en milieu d’après-midi, voyant que le ciel ne s’éclaircirait pas davantage: le dénivelé étant quand même non négligeable, nos jambes n’étaient pas tristes de déclarer la fin de la partie! Ce fut tout de même une belle occasion pour moi de renouer avec cette station vermontoise!
Loon Mountain est une station très populaire, et il y a souvent beaucoup de skieurs. Mais aujourd’hui, malgré le soleil, des pistes parfaitement damées, et une température très agréable, il y avait peu de skieurs et aucune attente aux chaises, et très peu d’attente à la télécabine. Avec 3 des chaises qui sont débrayables, en 5 heures de ski, j’ai fait beaucoup de descentes. Le fait qu’il n’y ait pas vraiment de plats aide aussi à faire plus de ski.
La station a un dénivelé de 635 mètres, 61 pistes, et 3 sommets, soit le North Peak, le Loon Peak et le South Peak. Comme je connais la montagne, je pouvais facilement skier un peu partout. Il y a cependant de nombreuses indications pour aider les skieurs qui sont moins familiers avec le plan des pistes. Sur certaines photos, on peut voir de très beaux paysages des différents sommets. De plus, comme il y a beaucoup de longues et parfois assez larges pistes, j’avais souvent l’impression d’être presque seul sur la montagne.
Les pistes étaient en excellentes conditions avec aucune glace ou endroit avec un manque de neige. Suite au passage du temps et des skieurs, il y a eu quelques endroits avec de la neige durcie, mais pas assez pour affecter les skieurs. On retrouve un très bon choix de pistes de tous les niveaux de difficulté. C’est rare qu’un 20 mars, nous puissions faire du ski d’hiver aussi beau.
Le premier groupe de photos montre des pistes situées sur le North Peak. On peut aussi voir le chalet situé au bas de la chaise de ce sommet, mais il était fermé aujourd’hui. La dernière photo montre le haut du sommet Loon, où arrive la télécabine.
Le deuxième groupe de photos montre des pistes situées sur le sommet Loon. Tout près d’où arrive la télécabine, il y a un restaurant offrant une très belle vue de la région. Dans le bas de ce sommet, il y a un très grand nombre de pistes bleues. Une de mes favorites est la piste qui est sous la télécabine.
Un peu en retrait, il y a le sommet South Peak. Je ne connais pas son dénivelé exact, mais je dirais qu’il est de l’ordre de grandeur de 425 mètres. Pour s’y rendre et en revenir, il faut utiliser une chaise horizontale. La caractéristique des pistes de ce sommet est qu’elles sont larges. Il n’y a pas de pistes vertes, seulement des pistes bleues ou noires. On peut y faire du très beau ski.
J’aurais aimé skier une autre heure, mais je ne voulais pas revenir au Québec trop tard. Je vous souhaite d’avoir la chance un jour de skier cette très belle station.