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    Alta (Utah): la mythique

    Le Utah est, depuis plusieurs années, une destination de choix pour les skieurs avides de poudreuse. L’impression d’être au paradis du ski est bien présente dans la capitale de cet état, Salt Lake City: il suffit de lever les yeux pour constater que la ville est entourée de montagnes toutes aussi impressionnantes les unes que les autres.

    Alors que la région bénéficiait d’un très bon début de saison, nous avons eu la chance de diriger nos skis vers Alta, la mythique montagne du Utah. Ce qui rend cette station si mythique, c’est son attitude quelque peu rétrograde. Tout d’abord, Alta est une montagne de skieurs, les planchistes y sont interdits de glisse; ça ne semble pas être à la veille de changer (au grand plaisir de certains). Ensuite, à l’exception du télésiège pour débutants, aucune chaise de la station n’a de barre de sécurité. Cette situation cause bien peu de problèmes pour la plupart des skieurs mais peut toutefois être un obstacle majeur pour certains. Et du côté de la station, on pousse même l’audace jusqu’à affirmer que l’absence de barres sur les chaises est pour notre sécurité… Les chalets de ski  de la station lui donnent aussi un air vieillot et traditionnel. Mais toute cette attitude rétrograde et ce cachet vieillot sont quelque peu annulés par la présence d’un fort arsenal de dameuses à la fin pointe de la technologie et du système de scan de billets très avancé à chaque remontée.

    Côté statistiques et infrastructures, la station compte 116 pistes réparties grosso modo en quatre grands secteurs. On compte 5 « bowls » sur cette montagne. La répartition des pistes se veut comme suit: 25% de terrain débutant, 40% de terrain intermédiaire et 35% de terrain avancé. 11 remontées de tous types permettent de desservir ces pistes, dont 3 chaises débrayables (2 quadruples et 1 triple). La dénivellation de cette montagne est de 2020 pieds (617 mètres) et la saison s’étire normalement de la mi-novembre à la mi-avril. Le fait le plus intéressant sur Alta demeure ses accumulations de neige: la station reçoit en moyenne 540 pouces (13,7m) de neige par année.

    Lors de notre arrivée à la montagne, la dernière chute de neige remontait à l’avant veille pour une quantité de 8 pouces de neige. Le terrain était presque ouvert à 100% ce qui allait nous permettre d’explorer tout les secteurs de la montagne. Les guides de montagne nous ont amenés dans les secteurs des remontées Collins, Sugarloaf et Supreme. La remontée Collins nous permettait de contempler le secteur « West Rustler » et ses magnifiques sous-bois pentus. Les descentes dans ce coin de montagne sont d’un bon challenge sans pour autant vous pousser à la limite de vos skis. Le secteur de la chaise Sugarloaf est quant à lui le secteur plus familial, avec moins de challenge et plus de pistes damées. La chaise « Supreme » donne accès directement au « Supreme bowl » qui était, lors de notre visite, le plus beau secteur de la montagne. De bonnes pistes pentues avec d’un côté le « bowl » et de l’autre des sous-bois remplis de défi.

    Une fois que les guides nous ont laissés, nous sommes allés explorer le secteur de la petite chaise double « Wildcat ». À la fin de la montée, nous nous pensons tout simplement dans un autre monde avec la vue sur le « Ballroom », le plus gros « bowl » d’Alta. À notre arrivée au sommet, des coups de canons se faisaient entendre… Outre le « bowl », vous y trouvez la « Wildcat Face » qui est un sous-bois à en faire rêver plus d’un. Malgré ce beau secteur, notre cœur avait été conquis par le secteur « Supreme », c’est d’ailleurs sur cette partie de la montagne que nous avons passés le reste de notre journée en alignant les descentes entre le « Supreme bowl » et les pistes comme la « Challenger », la « White Squaw » et la « Piney Glade ».

    La journée s’est finalement terminée vers 15h au bar Goldminer’s Daughter avec une bonne broue ! Pour ma part, je ne garde que de bons souvenirs de cette mythique station et je me promet d’y retourner avant longtemps en plein mois de janvier ou février pour pouvoir en profiter de nouveau de cette station quand elle est à son summum. Alta est définitivement un incontournable à mettre sur votre liste si vous allez un jour skier au Utah !

    Quelques adresses utiles:

    – Alta
    – Carte des pistes de la station

    **Ce voyage a été rendu possible grâce à l’implication de Voyages Gendron**

    Park City Mountain Resort (Utah): bien rempli !

    De toutes les stations du Utah que j’ai visitées, Park City Mountain Resort est sans contredit celle que j’ai découvert avec le plus d’amusement. Ne vous méprenez pas: j’adore skier dans les bols à poudre, j’aime les pentes inclinées, les défis, les sous-bois… mais l’ambiance de Park City est unique ! C’est ce qui explique que j’y ai franchement eu beaucoup de plaisir.

    Raconter
    D’abord, il faut connaître un peu l’histoire de la station pour l’apprécier encore plus. Sachez que tous les guides de la montagne peuvent vous raconter les événements majeurs qui ont marqué la station; et qui ont fait d’elle ce qu’elle est aujourd’hui.

    À l’origine, la montagne était une mine, exploitée pour ses gisements d’argent. Les opérations minières ont débuté sur Treasure Mountain vers la fin du 19e siècle, pour se poursuivre jusque dans les années 1950. Bien évidemment, la ville de Park City a poussé comme un champignon, dès le début de l’exploitation. Rien de laissait présager que cette montagne deviendrait un centre de ski… et les premiers skieurs à dévaler les pentes de la montagne l’ont fait bien avant la fermeture de la mine, vers 1920, bien qu’aucune infrastructure n’existait pour le ski à l’époque.

    Revivre
    En 1963, après essoufflement des gisements et le ralentissement économique de Park City, la compagnie minière qui possédait alors la montagne a reçu un prêt  du gouvernement dans le but de donner un nouveau souffle à la montagne: quelques remontées mécaniques plus tard, Treasure Mountain Resort est né. Les plus vieux skieurs de la place peuvent encore vous raconter qu’ils skiaient à travers les infrastructures minières et remontaient au sommet avec le Skier’s Subway, un ancien petit train minier serpentant dans les galeries de la défunte mine.

    Encore aujourd’hui, une multitude de détails témoignent de l’ancienne activité minière de la montagne. Si vous portez attention lors de vos descentes, vous observerez des entrées de puits, de tunnels, et différents bâtiments gardés intacts.

    Réutiliser
    Bien avant l’invention du terme politique «développement durable», les propriétaires de ce qui est devenu Park City Mountain Resort avaient déjà l’état d’esprit associé à ce concept maintenant actuel. La station a su mettre en valeur l’histoire qui l’a fabriquée, de même qu’elle a réutilisé plusieurs éléments de l’infrastructure minière -jusqu’au tunnels, utilisés pour ramener les conduits d’eau pour l’enneigement ! Rassurez-vous, le Skier’s Subway n’est plus en opération… il n’a fonctionné que 4 ans, les skieurs qui l’empruntaient le trouvant abominablement lent et parfois un peu épeurant !

    Renouveler
    Avec les années, la station s’est évidemment développée et offre maintenant un vaste terrain de 3 300 âcres, répartis sur 8 sommets, incluant 9 bols, le tout desservi par 16 lifts. Chaque secteur de la montagne porte un signe (physique ou nominatif) du passé minier de l’endroit. Les montagnes environnantes comptent également des stations d’envergure: Park City Mountain Resort est voisine de Deer Valley (1981) et The Canyons (1968), chacune de ses stations ayant joué un rôle important lors des Jeux Olympiques de 2002.

    Rider
    Il serait tentant de comparer les qualités du domaine skiable de Park City avec certaines stations familiales du Québec: un grand pourcentage des pistes est un terrain débutant-intermédiaire, de plus, l’accent mis sur la famille y est plus que flagrant. Que les tenants de «champagne powder» se rassurent: avec les bols inclus dans le terrain, il y a de quoi faire ! Certes, on est loin de l’aspect sauvage et du ski «à l’ancienne» d’autres stations du Utah mais la neige demeure l’outil ultime de la glisse et Park City n’en manque jamais.

    Park City donne l’envie d’être catégorisée «passe-partout»: les skieurs en quête d’adrénaline peuvent faire une courte randonnée pour accéder aux bols de la Jupiter Peak, les skieurs plus «tranquilles» ont un vaste territoire damé à perfection, les enfants peuvent être totalement pris en charge par la station, incluant garderie et cours de ski… C’est la raison pour laquelle on cote cette station «familiale». Il y a de tout, pour tous les goûts ! Park City peut parfaitement servir d’entre-deux, pour un repos des jambes entre deux stations plus exigeantes, entre deux jours de poudre, entre deux découvertes… et personne ne sortira de cette station frustré, faute de n’avoir pas trouvé de défi à sa taille !

    Rouler
    Depuis son ouverture officielle jusqu’aux JO de 2002, la station n’a pas perdu son envie d’innnover et de surprendre. Consciente des besoins grandissants d’une clientèle toujours plus exigeante, Park City est déjà une station 4 saisons accomplie, avec sa luge de montagne, sa tyrolienne, ses sentiers de vélo et une foule d’autres activités estivales accessibles à toute la famille.

    Quelques adresses utiles:

    – Park City Mountain Resort
    – Carte des pistes de la station

    **Ce voyage a été rendu possible grâce à l’implication de Voyages Gendron**

    Snowbird (Utah), le début de notre périple

    Nous sommes début décembre, le 11 plus précisément. Vous vous souviendrez qu’à cette époque il n’y a que quelques centres de ski en opération au Québec, et ce sont ceux produisant le plus de neige car pour les autres on attend impatiemment que la saison ne débute. Ce matin là je me lève très tôt car au Utah, il y a quand même à ce moment de la saison deux heures de décalages avec le Québec, vous comprenez donc pourquoi je suis aussi tôt dans la fenêtre de notre hôtel. Mais vous devinez également que je veux voir ce que nous réservera notre première journée sur les pentes. 

    Le Cliff Lodge ou nous logeons est situé directement au pied des pistes de Snowbird, ce qui nous permettra d’être parmi les premiers à pouvoir profiter des 32 cm de neige accumulé depuis les derniers 24h. Cet hôtel est l’endroit idéal pour qui veut éviter les déplacements en voiture entre son lieu d’hébergement et les centres de ski. Du Cliff Lodge, vous avez accès à mes deux coups de cœur au Utah, Snowbird et Alta. Sur place, tous les services dont vous pourrez avoir besoin pendant votre séjour vous sont accessibles: location de ski, boutique, resto pour tous les goûts, bar,  SPA avec piscine intérieurs et extérieurs… même un héliport à proximité si vous voulez vous gâter.

    Comme je vous le disais, il est tombé 32cm de neige fraiche et nous voulons tous en profiter au maximum. La première remontée se fera dans la chaise quadruple Mid-Gad qui nous mène à mi montagne question de bien démarrer la journée et de permettre à tout le monde de s’acclimater  à la neige et à l’Altitude. Car mine de rien nous sommes quand même à plus de 1300 mètres d’altitude et déjà le souffle est court pour certains. Le territoire que nous explorons en premier lieu est situé du côté de Creek side.  On y retrouve des pistes pour tous les calibres de skieur et planchistes, et je mentionne planchistes car certains centres du Utah (ALTA et Deer Valley) refusent l’accès aux planches à neige. La visibilité est réduite par les nuages qui sont plutôt bas en première partie de journée.

    Après quelques descentes qui nous ont permis de bien sentir la neige on se dirige vers l’Aerial Tram, cette gondole géante qui peut accueillir 125 personnes simultanément. En 8 minutes de remontée,  nous nous retrouvons au sommet de Snowbird à Hidden Peak, altitude 4400 mètres ou 11 000 pieds. Le paysage que nous ne découvriront qu’à notre seconde remonté lorsque les nuages se sont dissipés est grandiose.  De là on peut observer les Twin Peaks, deux sommets qui donnent accès à des couloirs à vous  couper le souffle et qui sont accessibles moyennant une quarantaine de minutes d’ascension à pied. Nous ne nous y sommes malheureusement pas aventurés car nous avions suffisamment de terrain à découvrir pendant notre unique journée sur les pistes de Snowbird,  mais c’est officiellement à l’agenda de notre prochain séjour.

    Prochaine étape, le Peruvian Express qui nous amène au tunnel du même nom, qui a été creusé à travers la montagne afin de d’offrir un accès direct à Mineral Basin. Ce passage dans le roc est à ma connaissance unique en Amérique du Nord et il est équipé d’un tapis roulant qui vous permet de le franchir sans aucun effort.
    Nous voilà rendus dans l’un des plus beaux terrains de jeu qu’offre Snowbird, Mineral Basin. Cet immense bowl est l’un de mes endroits préférés lorsqu’une chute de neige importante s’abat sur la région. On y retrouve quelques pistes damées de calibre facile et difficile (vert et bleu). Mais on y va surtout pour le terrain non damé qui constitue l’attrait principal de ce domaine skiable. Mineral Basin est desservi par deux remontées mécaniques: le Mineral Basin Express qui vous amène 435 mètres plus haut, prêt à retracer.  La seconde remontée est le Baldy Express qui vous donne accès à de nombreuses pistes simple et  double losange  sur la face principale de Snowbird.

    Après avoir exploré trop rapidement cette merveilleuse montagne, nous complèterons notre  journée du côté de Creek side qui est un très beau territoire à privilégier  lors des journées où la visibilité est réduite. Dans ce secteur, les arbres sont plus présents ce qui nous permet de mieux voir le relief.

    J’espère que vous aurez compris mon excitation d’avoir eu à nouveau la chance se redécouvrir ce joyau du Utah. Nous avons été très choyés de pouvoir profiter d’aussi belles conditions. Déjà le 11 décembre, Snowbird avait accumulé plus de 360 cm de neige ce qui représentait 140% des précipitations moyennes enregistré à cette période. Quelle chance !

    Nous avons terminé la journée, vous l’aurez deviné devant une bonne bière au Creekside Café, un petit bar ultra sympathique dont la verrière donne directement sur la montagne.

    Allez Cheers! À une autre magnifique journée au Utah.

    Quelques adresses utiles:

    – Snowbird
    – Carte des pistes de la station

    **Ce voyage a été rendu possible grâce à l’implication de Voyages Gendron**

    Les révolutionnaires du freeski

    Si vous avez vu une scène d’un film de ski ces dernières années, l’idée que ces skieurs professionnels sont non seulement très habiles et talentueux, mais aussi légèrement fous vous est certainement passée par l’esprit ! Force est d’admettre que le freeski a énormément évolué depuis qu’on a popularisé les skis à doubles spatules en 1998. Que l’on parle d’une évolution ou d’une révolution, il est intéressant de savoir qui sont les acteurs principaux qui ont changé le visage de notre sport pour le rendre aussi excitant qu’il est devenu aujourd’hui.  Voici donc un bref tour guidé non-exhaustif pour vous présenter les principaux révolutionnaires du freeski.

    Le “New Canadian Air Force” – C’est essentiellement ce groupe de skieurs qui a révolutionné l’industrie du ski en approchant les compagnies de ski pour créer un ski à doubles spatules. Composé du “parrain” du New School Mike Douglas, ainsi que des québécois JP Auclair, JF Cusson et Vincent Dorion, ces skieurs ont été des catalyseurs pour la mutation de ce sport. Ils ont inventé des sauts créatifs combinés avec des grabs dans les parcs à neige, dans les demi-lunes, ont commencé à glisser sur des railscomme les planches à neige faisaient déjà, tout en utilisant leurs nouvelles spatules derrière leurs skis pour skier, sauter et atterrir à reculons.

    Candide Thovex – Reconnu pour son talent et ses sauts d’une amplitude démesurée, ce dernier est encore une force à reconnaître dans ce sport et ce, depuis 1999.  Ayant gagné les X-games à travers les années en demi-lune, en Big Air, en Slopestyle, il est un skieur très versatile qui n’a jamais eu peur de repousser les limites du possible. S’étant brisé une vertèbre sur un saut de plus de 125 pieds de longueur en 2007, on le retrouve moins dans les parcs à neige de nos jours. Il est plutôt rendu une force dominante dans les compétitions de haute montagne, ayant été nommé champion du mondefreeride pour l’hiver 2009-2010.

    CR Johnson – Il est arrivé sur la grande scène du ski en 1999 en exécutant un 1440, soit 4 rotations dans les airs. Il a aidé à pousser, développer et rendre spectaculaire le ski de demi-lune en sautant à plus de 20 pieds au dessus de celle-ci, en exécutant des manœuvres techniques avec style.  Un skieur progressif, il a inventé certains sauts désaxés et a influencé les skieurs à sortir des parcs à neige pour exécuter leurs prouesses aériennes en zones naturelles et poudreuses. Un accident de ski lui a malheureusement enlevé la vie en février 2010 à Squaw Valley.

    Tanner Hall – Considéré comme un des skieurs les plus complets sur la planète, il a grandement laissé son empreinte sur l’évolution du freeski cette dernière décennie. Cofondateur de la compagnie de skis Armada, précurseur des sauts avec des rotations dans les 2 directions (vers la gauche ET vers la droite), il a également influencé la redéfinition du style avec son Gorilla Steeze, même si ce dernier n’a pas duré longtemps. Il a gagné un nombre impressionnant de médailles d’or dans tout types de compétitions de renom (big air, slopestyle, demi-lune),  filmé sur des rails en milieu urbain, mais on le retrouve de nos jours principalement en zones naturelles à skier de la poudreuse pour sa compagnie de films.

    Simon Dumont – Un des meilleurs skieurs au monde dans la demi-lune depuis plusieurs années, inventeur de nouveaux grabs, Simon est également reconnu pour l’amplitude ahurissante de ses sauts. Il a même battu un record Guiness en sortant à plus de 35 pieds de hauteur d’un quarterpipe en avril 2008. Ce quarterpipe avait lui-même 38 pieds de haut, ce qui amenait Simon à environs 73 pieds de hauteur au dessus du sol… Il skiait à près de 100 km/h pour réussir cet exploit.

    Eric Pollard et Pep Fujas – Eric est un artiste dans l’âme, il a donc innové en cherchant des façons originales et créatives d’envisager notre sport.  C’est ainsi que lui et son ami Pep Fujas ont été dans les premiers skieurs à être filmés en train de skier à reculons dans la poudreuse. Eric a pu travailler à travers les années avec la compagnie Line pour créer des skis larges à doubles spatules qui  permettent d’accomplir de tels exploits.  Pep a donc pu établir un point tournant dans l’industrie en 2003 en sautant d’une falaise avec un 180 pour atterrir à reculons dans la poudreuse.

    Jon Olsson – Il a inventé des sauts qui ont redéfini ce qui est possible dans les airs. En 2006, il a été un des inventeurs des doubles flips désaxés, en nous présentant son fameux kangaroo flip. Il a ensuite inventé d’autres types de doubles flips, le hexo flip, le DJ flip, le tornado flip (pour ne nommer que ceux là), tous des sauts plus compliqués les uns que les autres.  Par exemple, le hexo flip peut être vulgarisé comme un switch double rodeo 1080, une manœuvre assez incroyable à voir et à imaginer. Depuis, des doubles flips de tous genres sont inventés continuellement par la poignée de pros qui sont capables de les exécuter.

    Seth Morrison – Il est l’un des skieurs de haute montagne les plus influents des 10 dernières années. Seth impressionne constamment dans les films de ski sur des montagnes abruptes remplies de falaises. Il descend vite, il descend bien, et il se tape un backflip sur une falaise de 100 pieds en passant par là. Certains croient qu’en plus d’être très talentueux, il serait peut-être un peu fou…

    Shane McConkey – Il a fondé l’IFSA en 1996, soit le International Free Skiers Association, qui a permis d’établir un standard et de rendre crédible les compétitions de ski extrême. Shane est une légende pour notre sport, non seulement pour ses prouesses et accomplissements sur les pentes enneigées, mais aussi pour son implication dans le développement de la technologie des skis.  Il a mis de l’avant le concept des lignes de cotes inversées, ainsi que la cambrure inversée, deux idées qui ont fait grandement évoluer le ski de poudreuse.  Il a également été un des innovateurs du ski-BASE, c’est-à-dire partir skier avec un parachute au dos pour s’élancer du haut de falaises monstrueuses, skis aux pieds. Il est malheureusement décédé dans un accident de ski-BASE en 2009.

    Comme ceci n’est qu’un aperçu de certains des skieurs les plus influents des dix dernières années dans le monde du freeski, il est évident qu’on ne peut mentionner chaque athlète et faits importants de la dernière décennie. Par contre, on remarque aujourd’hui que la relève montre déjà le bout de son nez. Sur la scène freestyle (snowpark, big air, slopestyle), gardez en tête les noms de Tom WallischBobby BrownTJ SchillerSammy CarlsonJF Houle et Charles Gagnier, pour ne nommer que ceux-là, tous des jeunes qui innovent constamment avec des sauts de plus en plus complexes, exécutés avec une facilité déconcertante. Du côté freerideMark AbmaSean PettitSage Cattabriga-Alosa et Eric Hjorleifson (entre autres) nous prouvent aujourd’hui qu’avec du talent, deux skis et un peu de poudreuse, rien n’est impossible…

    Heavenly (Californie), tu fais tourner ma tête!

    Située à l’opposé de Squaw Valley, bien assise sur la frontière du Nevada et de la Californie, la station de Heavenly a un décor très particulier: il faut être tapis au fond d’un sous-bois très reculé pour ne pas apercevoir un coin du lac à l’eau bleu-turquoise qui a fait la marque de commerce de la station !

    Après avoir contourné le lac par le nord-est en partant de Tahoe City (avec quelques  arrêts-photo ici et là) nous voilà à South Lake Tahoe. Cette ville est physiquement marquée par la frontière entre les deux états sus-mentionnés: d’un côté de la ligne, des hotels-casinos à l’architecture douteuse, de l’autre, des jolis arrangements touristiques mêlant boutiques, restaurants et hotels de manière fort esthétique. Logique: les casinos privés sont interdits du côté californien; ce genre d’établissement étant régi de la même manière qu’au Québec par la California State Lottery.

    La station de ski Heavenly dispose en tout de 4 points d’accès terrestres: Stagecoach Lodge et Boulder Lodge du côté du Nevada; puis California Lodge ainsi que la télécabine dont la gare d’arrivée se situe à Heavenly Village, en plein coeur de South Lake Tahoe. Attention aux ouvertures en début de saison… Lors de notre visite, seulement 40% du domaine skiable de la station était ouvert. Force fut de constater que la portion sud du Lac Tahoe a été beaucoup moins choyée en précipitations hivernales que la portion boréale du lac ! Concernant la télécabine, elle est en beaucoup de points semblable à celle qui sera prochainement inaugurée au Massif de Charlevoix: Doppelmayr/CWA 8 places, vocation « 4 saisons », vue imprenable sur un énorme plan d’eau, dotée d’une interstation; son parcours se termine cependant au premier tiers du véritable domaine skiable. Il y a fort à parier que l’installation de cette télécabine soulevé quelques oppositions d’environnementalistes… mais saluons quand même l’objectif de l’infrastructure: rallier la plus forte concentration hôtelière au domaine skiable. Objectif atteint: nous avons eu le loisir de marcher de notre hotel à la base de la télécabine en moins de 5 minutes.

    Au fur et à mesure de l’ascension, le panorama se dévoile: le Lac Tahoe est saisissant ! Voir un lac de cette envergure à près de 2000m d’altitude est peu commun. En effet, le Lac Tahoe est le plus grand lac alpin d’Amérique du Nord avec une superficie de près de 500 km carré; c’est également le 2e lac le plus profond des États-Unis (501m), la première place étant occupée par Crater Lake en Oregon. Avec un lac aussi omniprésent dans le paysage de la station, difficile de regarder où poser les skis !

    Le domaine skiable de Heavenly est le plus vaste de toutes les stations du Lac Tahoe, de même que le plus élevé: le sommet de la station culmine à 3068m et mène à près de 2000 hectares répartis sur 7 sommets, 1066m de dénivelé à parcourir. Fait intéressant à noter, même la carte des pistes montre qu’un incendie a ravagé une partie de la façade nord-ouest des pentes, il y a de cela 8 ans. Cette portion détonne visuellement du flanc de la montagne et est visible même de la rive ouest du lac…

    Arrivés au sommet de la télécabine, on peut déjà accéder au domaine skiable des deux côtés de la frontière CA/NV. À quelques centaines de mètres de la gare d’arrivée de la télécabine, on peut apercevoir le Tamarak Lodge, qui sera fort probablement inauguré pour les Fêtes et qui permettra d’accueillir les skieurs affamés dans un endroit chaleureux -et chauffé ! Pour l’instant, dans ce secteur, le pique-nique se fait à l’extérieur… bien agréable en plein printemps, mais à -12°C en novembre, c’est une autre paire… de gants ! Ceci dit, les burgers du grill d’altitude sont succulents, surtout après une journée en plein air…

    Notre premier objectif: tester le couvert de neige ! Il nous faut donc des pistes non-damées. Après avoir emprunté le Tamarak Express, nous avons parcouru la California Trail ainsi que les sous-bois environnants, en louvoyant vers le sud, jusqu’à la base du Powderbowl Express. Conclusion: la neige n’est pas suffisante pour descendre sans crainte dans les sous-bois ! La pirouette frontale involontaire que j’ai exécutée avec brio -sans casser l’appareil photo- nous convainc de changer de versant.

    Chose certaine, le paysage est toujours extraordinairement beau et plus on s’élève en altitude, plus les arbres sont biscornus, forgés par le vent et le froid, recouverts d’une neige cristallisée donnant lieu à des reliefs féériques. Nous voilà finalement au plus haut sommet skiable, accessible par le Sky Express. De là nous ferons quelques incursions dans les Skiways Glades: elle est là, la neige ! Ce secteur étant orienté favorablement, le vent y dépose la neige qu’elle retire du versant opposé -la piste Ellie’s était fermée, on y voyait même des roches à découvert.

    Titillés par les Skiways Glades, nous avons poursuivi notre quête de neige fraîche du côté du Nevada, dans le secteur du Dipper/Comet Express. De très jolis sous-bois, bien dégagés, avec une quantité suffisante de neige pour qu’on ne craigne pas les frontflips… c’est dans cette portion de la station que nous avons complété notre journée de ski, heureux d’avoir trouvé des versants accueillants pour nos spatules !

    Hélas, puisque toute bonne chose a une fin, il aura bien fallu rentrer vers le sommet de la télécabine. La descente est toujours un peu tristounette: quitter un aussi bel environnement laisse toujours un petit arrière-goût dans la bouche… mais ce n’est qu’un au revoir !

    Quelques adresses utiles:

    – Ski Heavenly
    – Carte des pistes de la station
    – Hébergement: Embassy Suites Lake Tahoe
    – Tourisme: Tahoe South

    Squaw Valley (Californie), pays de la poudreuse hâtive!

    Il existe plusieurs tactiques pour chasser la déprime de Novembre mais la plus agréable de toutes, pour les amants de l’hiver, est de devancer celui-ci ! C’était l’objectif de notre voyage en Californie. Bien que cet état de la côte ouest américaine évoque plus souvent le soleil, les sandales, le surf et les raisins, il est aussi doté de fort belles montagnes et mérite sa place dans les destinations de choix pour le ski alpin.

    C’est plus précisément vers le Lac Tahoe que nous avons orienté nos spatules. Cette région est sans doute la plus reconnue car elle possède la plus forte concentration de stations de ski de l’état: plus de 10 stations majeures bordent le lac du nord au sud. Parmi celles-ci: Squaw Valley, Alpine Meadows, Diamond Peak, Northstar at Tahoe, Sierra at Tahoe, Sugarbowl, Mount Rose et Heavenly, pour n’en nommer que quelques-unes…

    En suivant l’évolution de la météo les jours précédant notre visite, nous savions que nous aurions droit à des conditions exceptionnelles. Les rapports de chute de neige étaient impressionnants; nous apprendrons plus tard que novembre 2010 restera dans les annales comme le début de saison le plus fulgurant des 10 dernières années au nord du Lac Tahoe.

    Quelques faits à propos de la station de Squaw Valley: inaugurée en 1949, elle fut l’hôte des Jeux Olympiques d’hiver de 1960, dont les cérémonies d’ouverture et de fermeture ont été orchestrées par Walt Disney. Cette station figure parmi les montagnes mondialement réputées pour le calibre de ses pentes, de ses bols et de ses falaises. Elle compte 33 remontées et est la seule station en Amérique du Nord à posséder une télécabine de type Funitel, originaire d’Europe. Le domaine skiable s’étend sur 869m de dénivelé, en 5 sommets couvrant plus de 1600 hectares.

    Cette année, Squaw Valley a inauguré sa saison le 20 novembre. Nous y avons skié une semaine plus tard et notre cadeau de bienvenue fut une bordée de plus de 40 pouces (1 mètre !!) de poudreuse fraîche. Notre premier jour de ski s’est donc déroulé en pleine tempête, nous avons dû fuir (!) dans les bois pour avoir une meilleure visibilité. Dès la matinée, nous avons entendu les détonations des charges explosives: les patrouilleurs s’affairent à déclencher les avalanches dans les bols des hauteurs !

    Le secteur où nous avons passé notre journée, « Snow King », porte très bien son nom et est en très grande partie boisé: à cet endroit, pas de pistes délimitées ! Autrement dit, on peut skier où on veut… Bonheur ! Ces sous-bois de calibre intermédiaire-avancé s’apparentent à certains sous-bois du Québec; le dénivelé y est supérieur à 400m. La neige ne manquait pas et en aucun endroit nous n’avons craint d’écorcher nos skis.

    La journée s’est terminée sur les coups de 16h00, après une dernière descente dans un secteur plus extrême, le KT-22. Ce versant de la station est beaucoup moins boisé et plus élevé de 200m que Snow King ce qui en fait un endroit plus exposé au vent. Il fallait choisir le bon côté des crêtes pour trouver le plus de neige mais encore une fois, point de pénurie de flocons à cet endroit ! Autant le dire tout de suite: de la neige comme ça, ça faisait bien au-delà d’un an qu’on en avait vu, malgré les tempêtes de l’an dernier ! Dieu merci pour nos muscles, après avoir retiré nos chaussures de ski, nous avons pu profiter du spa de l’hébergement installé à l’extérieur, partiellement recouvert.

    La deuxième journée de ski à Squaw s’annonçait encore plus prometteuse que la première: la chute de manne blanche s’est poursuivie jusqu’à tard dans la soirée puis le ciel s’est dégagé dans la nuit. Résultat, le lendemain matin: un domaine skiable d’un blanc étincelant, bonus trame solaire et ciel bleu. Encore une fois, les détonations se font entendre et nous savons qu’il faudra aller faire un tour dans ces bols si prometteurs… Les endroits à ne pas manquer: Squaw Peak, le plus haut sommet de la station, avec le Siberia Bowl et le Sun Bowl. Soyez prêts derrière les patrouilleurs…

    C’est le cœur gros que nous avons quitté Squaw Valley: l’ambiance y était très agréable, les employés du Village et de la station sont des passionnés qui ont le service à la clientèle très à cœur. Nous savions cependant que la route autour du Lac Tahoe allait nous permettre de découvrir un paysage féérique, de plus, une autre journée de ski nous attendait à Heavenly !

    Quelques adresses utiles:

    – Squaw Valley USA
    – Carte des pistes de la station
    – Hébergement: The Village at Squaw
    – Tourisme: Official Lake Tahoe Visitor Bureau

    Visage du ski: Simon St-Arnaud

    Parmi tous les sportifs qui rêvent d’escapades plus grandes que nature, bien peu ont la chance et le privilège d’atteindre les sommets tant espérés. Simon St-Arnaud fait partie de ceux qui ne comptent pas les efforts et pour qui les voyages ne sont pas un objectif mais bien un mode de vie… Portrait d’un aventurier alpin au naturel humain.

    Celui qui admet avoir passé son premier niveau de moniteur de ski pour mieux draguer les filles est maintenant loin du skieur frivole: déjà à 25 ans, Simon savait que le ski serait sa vie. Après avoir passé tous les niveaux de l’ACMS et brillé en course universitaire, il lui en fallait plus: une fois l’hiver québécois terminé, Simon partait retrouver sa saison chérie en Amérique du Sud. C’est ainsi qu’il a enseigné le ski au Chili (El Colorado) et en Argentine (Las Lenas), ce qui lui a permis de faire des rencontres déterminantes pour sa carrière d’aventurier alpin.

    Poussé par le désir d’aller plus loin que les domaines skiables communs, Simon s’est bâti une carte avec des idées de voyages. Comme le globetrotteur qui donne un élan à son globe terrestre puis y pose un doigt au hasard en arrêtant la course de la sphère, Simon fait sa liste: à lui les montagnes et la neige ! Celui qui l’initiera au monde du ski hors piste est devenu son partenaire de voyage inconditionnel. Jérôme Grec – un Suisse ! – est un mordu du ski de randonnée qui a eu le bonheur de transmettre sa passion à Simon. Dans les 10 dernières années, les deux comparses ont parcouru le monde en quête de montagnes, à raison d’un grand voyage par an.

    Intéressés par les voyages de Simon, certains producteurs approchent l’aventurier. C’est ainsi que Évasion soumet l’idée: présenter des destinations de haute route en 5 épisodes. L’Aventurier Alpin est né. L’objectif: faire vivre le voyage aux spectateurs ! Simon qualifie lui-même le projet de « documentaire-réalité »; tout ce qu’on y verra est vrai, non-orchestré.

    La première grande randonnée que Simon effectue: la Haute Route. Bien connu des skieurs de randonnée en altitude, c’est le trajet classique à faire pour s’initier au ski de randonnée et aux aventures alpines. Reliant Chamonix à Zermatt, ce sentier de 70km parcourt les plus hauts sommets et cols des Alpes, parsemé de refuges de montagne. Le chemin se fait en autonomie totale, rencontres savoureuses assurées ! Pour Simon, le périple est l’élément déclencheur: chaussé de ses skis et de peaux de phoque, il sait que l’aventure est à sa portée.

    Deuxième destination Évasion: la Scandinavie ! Pays des rennes et des fjords, Simon a eu l’occasion de prouver qu’il y a autant de chaleur chez les humains que de froid dans les montagnes. Après les Alpes et la Scandinavie: l’Alaska. Les 5 épisodes de ce périple seront diffusés cet hiver sur Évasion, à compter du 4 janvier 2011.

    L’équipe de l’Aventurier Alpin est simple et humaine: Simon est accompagné de Jérôme Grec et de son caméraman, Michel Valiquette. À ces trois personnages se joignent des membres de leur entourage: famille et amis participent à certains voyages. Pas de limite d’âge, pas de handicap, pas de préjugés: la haute route est accessible à bien plus de gens que l’on peut le croire. Il n’est pas nécessaire d’être un skieur de calibre olympique… Ce n’est pas tout d’être en forme physiquement; Simon est formel: « Il faut être prêt psychologiquement. »

    Puisque les destinations de haute route sont à l’opposé des tout-inclus dans le sud, il faut prévoir l’imprévisible… et être prêt à l’inconnu ! C’est ce que la série de l’Aventurier Alpin démontre: pas de faux montage, pas de déguisement. Si la météo était mauvaise, le spectateur le verra. Si l’un des équipiers bloque devant un tronçon de sentier plus difficile, la caméra ne le cachera pas. Le travail d’équipe et le soutien sont à l’honneur pour les aventuriers qui savent que la force physique passe au second plan lorsqu’il est question de traverser des kilomètres de terrain dans un monde qu’on peut qualifier de « hostile ».

    Pour Simon, la beauté de ses voyages réside dans le fait que ceux-ci n’ont pas vraiment de fin: une fois arrivés à destination, puis rentrés au bercail, le travail de montage et de préparation à la diffusion commence. Simon avoue avoir autant de plaisir à vivre l’expédition qu’à la revoir et à participer à la conception des épisodes ! Notre Aventurier Alpin est déjà certain que le spectateur vivra les mêmes émotions que lui en regardant la série car chaque instant montré est vécu et réel, empreint de sensibilité envers les humains et la nature. Pour Simon, son objectif est atteint: partager sa passion du ski de haute route, dans une vision partagée par son équipe: simple et humaine.

    Au cours de l’hiver, Simon poursuit son travail d’organisateur d’événements spéciaux au Mont Tremblant mais l’appel du voyage est encore présent ! Toujours en quête d’un sommet à atteindre, Simon n’a pas encore rayé toutes les destinations de sa liste… et si la téléportation existait, l’Aventurier s’en servirait seulement pour s’éviter l’avion !

    L’homme qui n’aime pas l’hiver

    « Ah ! Comme la neige a neigé ! » s’exclamait Émile Nelligan. À son tour, Gilles Vigneault chante « Mon pays, ce n’est pas un pays, c’est l’hiver ! ». La réponse de l’homme qui n’aime pas l’hiver est tonitruante : « Moéssi j’n’ai plein l’cul, d’l’hiver !! » hurle Elvis Gratton. Les mots sont différents mais le désespoir fondamental semble le même : il appert que râler contre l’hiver soit partie prenante du caractère et des passe-temps des Québécois. 

    L’homme qui n’aime pas l’hiver, comme bien d’autres citoyens de la Belle Province, voit difficilement comment tirer parti de ce qui lui est imposé. Certes, il est du propre de l’être humain de toujours chercher à améliorer sa condition, mais là s’arrête la défense intellectuelle du râleur québécois. Foncièrement têtu, relativement borné, monteur aux barricades chevronné, le Québécois se refuse à trouver une solution au malaise qu’il vit, employant toutes ses énergies à la simple dénonciation du fait –avec ou sans classe.

    L’homme qui n’aime pas l’hiver investit une fortune de temps et d’argent pour contrer « la morte saison ». Palmiers factices, lampes à luminothérapie, bronzage aux néons, Noël Hawaïen, piscines intérieures, voyages à rabais dans le Sud, condo en Floride, économiseurs d’écran en plage (bonus bruits de vagues), flamands roses, alouette ! Tous les moyens sont bons pour accentuer le déni saisonnier, déjà bien mis en branle par la désormais célèbre déprime de Novembre. Quand on pense que certains peuples vivent 6 mois par an dans une nuit éclairée par les aurores boréales, on se questionne sur le secret de leur survie !

    L’homme qui n’aime pas l’hiver ne trouve de compréhension que parmi ses semblables; il en va de même pour celui qui prend plaisir à voir le mercure tomber en même temps que les feuilles des arbres colorés et les premiers flocons. L’un reproche à l’autre son manque d’ouverture et de respect envers Dame Nature et le cycle des saisons, l’autre traite l’un d’imbécile heureux. Dialogue de sourds, dont le mutisme est accentué par les campagnes publicitaires qui matraquent l’esprit : évadez-vous, réchauffez-vous, gâtez-vous, reposez-vous ! Comme si l’hiver était une prison gardée par un bourreau de travail et les tropiques une retraite (dorée !) exempte de tracas et d’obligations !

    L’homme qui n’aime pas l’hiver maugrée en passant la souffleuse (s’il n’a pas embauché quelqu’un pour déneiger à sa place), rouspète en grattant les vitres de sa voiture, râle en conduisant sur les routes enneigées, tempête (!) contre les bancs de neige qui le privent d’un stationnement, grogne devant le prix des pneus d’hiver (mais paie le gros prix pour son SUV), peste sur le prix de l’électricité, ronchonne en s’habillant « comme un oignon » et fulmine lorsque la batterie du sus-mentionné SUV déclare forfait contre le froid.

    L’homme qui n’aime pas l’hiver ne possède pas de raquettes, n’apprécie pas le bruit de la neige qui craque sous les bottes, n’a jamais tiré la langue pour avaler les gros flocons, déteste la sensation de l’air froid qui colle aux narines et rechigne à porter une tuque.

    L’homme qui n’aime pas l’hiver installe ses décorations de Noël le 1er novembre parce que « ça va être fait avant l’hiver », n’appelle pas la neige « neige » mais bien « m… blanche », perd la notion du temps après 3 semaines de froid « icitte y’a 2 saisons, pi l’hiver dure 6 mois ! », voudrait que son chien apprenne à se servir d’une litière pour se soulager et passe ses longues soirées d’hiver devant le hockey –sport qui se pratique avec des patins, sur de la glace ! Car oui, l’homme qui n’aime pas l’hiver est un peu paradoxal.

    ©Yoh 2010

    L’homme qui n’aime pas l’hiver trouve quand même ça joli la première chute de neige.
    L’homme qui n’aime pas l’hiver va skier, de temps en temps, quand il fait beau.
    L’homme qui n’aime pas l’hiver joue parfois dehors, avec ses enfants, le temps d’un bonhomme de neige, d’un igloo ou d’une descente en traîneau.
    L’homme qui n’aime pas l’hiver profite bien des feux dans la cheminée.
    L’homme qui n’aime pas l’hiver se remémore parfois ses classiques d’enfant, entre La guerre des tuques, Ciné-cadeau, la parade du Carnaval de Québec, la pêche aux p’tits poissons des chenaux, le chocolat chaud de maman en rentrant avec le nez qui coule et les joues rosies par le froid.
    Alors, l’homme qui n’aime pas l’hiver soupire de nostalgie.

    ©Yoh 2010

    L’homme qui n’aime pas l’hiver ne sait plus comment l’aimer. Année après année, il se désole du réchauffement climatique, a de la peine pour l’ours sur sa banquise, s’inquiète pour les pingouins et achète ces boules de verre avec une mini-tempête et un décor-souvenir du Mont Tremblant.

    L’homme qui n’aime pas l’hiver doit réapprendre. Il utilisera ses sens pour voir la blancheur de la neige, sentir la fraicheur de l’air, écouter les flocons qui tombent en sourdine, toucher le givre dans les fenêtres et goûter chaque instant de féérie gelée, car l’hiver met une partie de la terre en dormance et il peut être apprécié en silence.

    À l’homme qui n’aime pas l’hiver, je lui murmure doucement : sors de toi, va jouer dehors ! Prépare tes skis, ta planche… et souris devant l’or blanc qui t’attend !

    Lexique montagnard à l’usage du skieur

    « Par monts et par vaux » « à en perdre le Nord », voilà ce que bien des gens risquent lorsque vient le moment de s’y retrouver dans les différents termes géographiques caractérisant un environnement montagnard. Futile sujet pour certains d’entre vous; cependant après la lecture de ce lexique, vous serez à même de constater que vous utilisez quotidiennement des termes très spécifiques à la géomorphologie (« étude des formes de la terre »). Des noms de pistes de stations aux appellations de routes en passant par les formes observables, la dénomination des éléments d’un paysage de montagne est plus accessible que l’on pense…

    Dans un ordre que l’on veut logique, voici les définitions qui nous intéressent. Chaque terme est associé à une image tirée du paysage québécois. En espérant que ce lexique vous sera utile !

    Entrainement: skier avant le ski

    Les premiers flocons ont déjà blanchi de multiples sommets québécois, sans compter toutes les photos et vidéos qui nous parviennent de l’est des États-Unis: pas de doute, l’hiver arrive ! L’heure est aux préparatifs, la pré-saison bat son plein. À travers les mise au point du matériel, il ne faut pas négliger la mise au point du corps humain ! Le présent article se veut un recueil de conseils utiles aux skieurs et planchistes afin de se remettre en forme (ou l’améliorer !) avant la saison de glisse.

    Cet article a été écrit en étroite collaboration avec Michèle Lareau, étudiante en kinésiologie à l’Université de Montréal et entraineur au Nautilus Plus de l’Ile des Soeurs. Grâce à sa formation et son expérience professionnelle, Michèle met ses connaissances du corps humain au service du sport: elle se spécialise entre autres dans les entrainements ciblés pour les sportifs, de même que pour les personnes atteintes de troubles cardiaques et pulmonaires.

    En guise de préambule

    Très peu de skieurs peuvent se vanter de skier 12 mois par année, d’où l’importance d’effectuer un entrainement logique et efficace. Lors des mois «d’inactivité» (sans ski/planche), il faut pratiquer des activités physiques variées, non-spécifiques au ski. La raison est fort simple: mieux vaut éviter d’entrainer les muscles de notre corps continuellement de la même manière; ce déséquilibre génèrerait par la suite des inconforts et des blessures d’usure, entre autres aux articulations trop sollicitées. Ainsi, en dehors de la glisse, vous pouvez courir, pédaler, plonger, patiner, danser, surfer, nager… bref, faites ce que vous aimez, l’important c’est de bouger ! (Tiens donc…)

    Commencer du bon pied

    À l’approche de la saison de ski ou de planche, les besoins en entrainement se précisent et se définissent: chaque personne aura un niveau de forme physique différent, c’est la raison pour laquelle un véritable bon entrainement est bâti sur mesure, pour chaque individu. Il existe cependant des lignes directrices qu’il est bon de connaître afin d’élaborer une base d’entrainement, qui pourra être ensuite augmentée et peaufinée.

    D’abord, il faut concevoir l’entrainement en fonction du type de ski ou de planche pratiqué. Le but d’un entrainement spécifique est de recréer le plus fidèlement possible les mouvements et pressions imprimés au corps lors de la pratique de l’activité ciblée. C’est ce que Michèle fait, à l’aide de l’étude des mouvements du corps lors de la pratique d’un sport. Ainsi, logiquement, en analysant le style d’un skieur, il est possible d’effectuer des exercices qui sollicitent les muscles  avec la même force, dans le même angle. Par exemple, un skieur de bosse travaillera en puissance et privilégiera les sauts en alternance (jump squat). À l’opposé, un skieur de carving travaillera son endurance et poussera ses muscles à garder des postures précises, pendant une durée précise. Les deux types de skieurs peuvent visualiser leur corps lors d’une descente de bosses, ou d’une descente en long rayon, puis recréer ces mouvements à l’entrainement.

    Autre conseil: la durée d’un entrainement doit recréer les conditions de vie du skieur/planchiste ! Par exemple, on doit entrainer les jambes, à raison de 10 à 15 minutes consécutives (le temps d’une descente !), puis entrainer le haut du corps -étirement des lombaires, rotation des bras, etc.- pendant un autre 10 à 15 minutes (le temps d’une remontée !). Et on recommence avec les jambes… Cette structure d’entrainement permettra de donner la même récupération au corps qu’en réalité, pendant une journée de ski.

    Concernant la fréquence d’entrainement, il faut bien évidemment commencer doucement (2 fois par semaine), puis augmenter graduellement, jusqu’à un maximum de 4 séances d’entraînement par semaine. Inutile de dépasser cette fréquence ! Vous fatiguerez votre corps et serez déçus des résultats. En somme, peu importe que vous soyez un athlète ou un skieur « de fin de semaine », vous devez écouter la sensation de fatigue que votre corps vous dicte.

    Mise en garde: ne tombez pas dans le panneau du « même pas mal ! ». Il est certain que lors de vos premières séances d’entraînement, vous ne ressentirez pas la grande fatigue d’une journée de ski. Votre corps doit se réhabituer aux mouvements, la fatigue viendra bien assez vite ! C’est la raison pour laquelle vous devez augmenter progressivement l’intensité de l’entrainement.

    Les machines, des bons outils ?

    Si vous n’avez pas la possibilité de courir, marcher ou pédaler à l’extérieur (l’oxygénation du corps est toujours meilleure !), vous pouvez sans problème avoir recours aux outils d’exercice « fixes »: tapis roulant, vélo stationnaire, elliptique… De plus, avec un abonnement pour un entrainement en salle, vous pourrez bénéficier des conseils d’entraineurs directement sur place.

    Juste pour les skieurs: certains d’entre vous connaissent peut-être déjà le Skier’s Edge, un outil d’aide à l’entrainement mis au point par une équipe de spécialistes américains il y a déjà plus de vingt ans. Cet appareil, destiné à recréer le mouvement exact du « carving », est le seul outil qui fasse travailler le corps sans à-coups ni chocs: un bonbon pour les articulations ! Il est très souvent utilisé pour favoriser la récupération du corps après un accident; il est également l’outil de prédilection pour l’entrainement des skieurs de l’équipe américaine ! Vous pouvez obtenir plus de renseignements en visitant le site web.

    Les intervalles: idéal pour gagner du temps !

    Le concept des intervalles est très simple: en alternant les périodes de repos avec les périodes d’effort, le corps est sollicité de la même manière que lors d’un entraînement à un rythme soutenu. À titre d’exemple, les résultats d’un entrainement d’une heure en continu peut être obtenus par un entrainement en intervalles de moins de 30 minutes.

    Lors d’entrainement par intervalles, le canevas recommandé est de faire un échauffement de 5 minutes (rythme modéré), puis 1 minute « à fond » (le rythme maximum que vous pouvez tenir pendant 1 minute), 1 minute à modéré, 1 minute à fond, etc. Il est impératif de terminer par le « cool down », 5 minutes de temps de récupération (voire plus, selon le besoin). Le même principe peut être appliqué à la course, au vélo, à l’elliptique, à la natation… au choix !

    Ciel, mes abdos !

    Les muscles abdominaux sont parmi les muscles les plus préoccupants du corps humain: difficilement exerçables, on ne perçoit leur importance bien souvent que lorsqu’ils sont douloureux. Ils sont constamment sollicités par nos mouvements quotidiens et servent au maintien global du corps ! D’où leur grande importance en ski et en planche… Comment les exercer ? Évitez les « Ab-King-Pro » et autres appareils en berceau ! Ils ne sont pas efficaces… Vous pouvez privilégier la technique du « Jack Knife », effectuée à l’aide d’un ballon d’entrainement (voir cette vidéo sur Youtube).

    Aïe, mes courbatures !

    Signes douloureux d’une journée intense, les courbatures sont des micro-déchirures dans les fibres musculaires. Oubliez les histoires d’acide lactique, d’étirements qui évitent les courbatures, de décoctions-miracle-supra-protéinées, de recommencer l’activité le lendemain avec encore plus d’intensité… tout ça ne contribuera qu’à augmenter votre douleur -physique ou mentale ! Les micro-déchirures musculaires ont besoin d’un temps de récupération, qui varie avec les individus. Il faut en moyenne compter entre 2 et 4 jours pour voir la douleur disparaître, puis le double de cette période une récupération complète.

    Le secret de Michèle -et de tous les entraineurs: ne pas s’étirer après une méga-journée dans la poudreuse ! De manière générale, il faut éviter d’étirer des muscles après les avoir trop grandement sollicités: l’étirement accentuera les micro-déchirures.

    Pour récupérer rapidement et éliminer les courbatures, il est essentiel de favoriser la réparation du muscle: repos, hydratation, et visite au spa ! En effet, il est prouvé que les changements de température rapides facilitent la réparation des fibres musculaires en augmentant la fréquence cardiaque, ce qui favorise l’élimination des déchets. Lors des périodes de “repos”, vous pouvez pratiquer des activités physiques légères, elles contribueront à maintenir votre forme globale et votre bonne circulation sanguine.

    Justement, qu’en est-il de l’étirement ?

    Michèle nous le donne en mille: l’étirement, ce n’est pas une activité POST-entrainement… C’EST l’entrainement ! Car pour s’étirer, il faut être échauffé… mais il faut étirer les bons muscles ! Il est déconseillé d’étirer ceux que vous venez tout juste d’entrainer en musculation. L’objectif d’un étirement est de conserver l’élasticité et la flexibilité des muscles; pour ce faire, il faut effectuer l’étirement dans tous les angles anatomiques. La bonne manière de travailler est d’étirer un muscle jusqu’à ce qu’on sente la tension diminuer, d’augmenter graduellement la force ou l’angle, sans jamais donner de coups.

    Le mot de la fin

    Si vous planifiez un gros voyage de ski, il est recommandé de cesser tout entrainement une dizaine de jours avant le début du voyage ! Vous pouvez bien évidemment continuer le ski mais le repos du corps par l’absence de l’entrainement sera bénéfique pour l’énergie que vous aurez lors du voyage. Sur ce… bon ski avant le ski !

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